L’association ISM Interprétariat, engagée depuis 54 ans dans l’interprétariat en milieu social, se retrouve au cœur d’un conflit ouvert, illustrant les tensions grandissantes entre la direction et les salariés, dans un contexte où les valeurs associatives semblent s’effriter.

Avec plus de 600 salariés et autant d’autoentrepreneurs, l’association fournit des prestations d’interprétariat pour les services publics et les associations d’aide aux migrants dans toute la France. Les interprètes d’ISM interviennent auprès des institutions en charge du droit d’asile (l’OFPRA et la CNDA) du personnel hospitalier, des travailleurs sociaux. Cependant, derrière cette façade de solidarité se cachent des réalités bien différentes. Les travailleurs dénoncent au sein de cette organisation, un management autoritaire et unilatéral, mené par un directeur général omniprésent et omnipotent, entraînant un climat délétère qui nuit à la motivation et génère un important turnover.

La situation actuelle de l’association fait craindre aux salariés la mise en place d’un plan de licenciements, évoqué par le directeur qui souhaite « réduire la voilure » dans un objectif de rentabilité. Le cas d’une salariée, qui a été mise à pied, a été l’élément déclencheur d’une journée de grève et de protestation le 25 avril. Le directeur s’en est pris à cette salariée pour l’empêcher de se présenter aux élections professionnelles sur les listes de la CGT et casser ainsi la dynamique en place dans l’association, à la suite de la première grève, il y a un an.

Cet appel à la mobilisation, le 25 avril, a rassemblé des dizaines de travailleurs. Malgré les efforts de dissuasion du directeur, les grévistes ont fait entendre leur voix avec force devant le siège d’ISM Interprétariat à Paris, pour soutenir leur collègue et réclamer de meilleures conditions de travail et des revalorisations salariales.

Cette lutte au sein d’ISM Interprétariat reflète un dilemme plus large dans le monde associatif, où les aspirations à la transparence et à la bienveillance se heurtent à des réalités de gestion comptable, de plus en plus empruntées au secteur marchand.