Jeunes migrants : expulsion musclée19/03/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/03/une_2955-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Leur société

Jeunes migrants : expulsion musclée

Mardi 18 mars, dès six heures du matin, les CRS ont investi le théâtre de la Gaîté lyrique de Paris qui, avec l’aide d’un Collectif de jeunes, servait de refuge depuis trois mois à plusieurs centaines de jeunes migrants.

Le théâtre dépendant de la Ville de Paris, la maire Anne Hidalgo avait fini par porter l’affaire devant la justice pour, disait-elle, « forcer l’État à prendre ses responsabilités », ce qu’il a fait, au nom du risque sanitaire et à la manière habituelle des forces de police.

Après avoir distribué coups de matraque et gaz lacrymogène aux manifestants qui tentaient de faire obstacle à leur intrusion dans le théâtre, les policiers n’ont finalement trouvé que peu de monde à l’intérieur des locaux. Beaucoup de jeunes étaient partis dans la nuit, d’autres attendaient un éventuel hébergement mais peu sont montés dans les bus qui devaient les emmener en province. Bilan de l’opération : 46 personnes, manifestants et migrants, ont été interpellées, dont un pour « outrage et rébellion » selon le préfet de police Laurent Nunez.

Des dizaines d’associations dénoncent le mépris des autorités (départements, État, juges) pour les quelques protections officielles dont les mineurs isolés devraient bénéficier. La lenteur habituelle des procédures, interrompues de plus par les expulsions vers d’autres villes, la mauvaise volonté de l’administration, tous les obstacles se cumulent pour que, selon une enquête de mars 2024, plus de 3 400 mineurs isolés aient été comptabilisés comme sans domicile fixe.

Cela juge la politique de l’État et celle de bien des politiciens étalant sans complexe sur des médias complaisants leur bonne conscience raciste.

Mais cela révèle aussi la prise de conscience de certains de ces jeunes : l’un d’eux expliquait en janvier à une journaliste du Monde que l’action collective lui avait révélé qu’il avait des droits, entre autres, « d’aller à l’école », même pour un jeune en procédure de recours et il concluait : « On se bat pour nous-mêmes et pour ceux qui viendront après. »

Partager