- Accueil
- Lutte ouvrière n°2955
- Iveco bus – Annonay : une réaction qui en annonce d’autres
Dans les entreprises
Iveco bus – Annonay : une réaction qui en annonce d’autres
L’usine Iveco d’Annonay, en Ardèche, produit des bus thermiques et, depuis peu, des bus électriques. Suite aux commandes de milliers de ceux-ci par des collectivités locales, l’usine a été réorganisée et la production a débuté avant que les nouvelles installations soient au point.
La production a donc démarré au milieu du chantier non terminé, à l’aide d’intérimaires de plus en plus nombreux, sans plan, sans outils, sans parkings suffisants. Alors que l’usine compte 1 200 travailleurs en CDI, près de 800 intérimaires ont été recrutés dans toute la région, sans compter ceux venant d’Ukraine ou d’Afghanistan, tandis que des soudeurs qualifiés vont arriver des Philippines. Les intérimaires doivent assurer leur poste sans avoir été formés, sinon à la va-vite par les anciens, ce qui en pousse beaucoup à la démission. Le travail en 2x8, jusque-là marginal, a été généralisé à toute l’usine. À un bout, les patrons profitent des gros contrats, à l’autre bout, les ouvriers subissent la désorganisation, les accidents et les bas salaires.
Dans cette ambiance, des débrayages ont eu lieu dans le secteur peinture du jeudi 6 au mercredi 12 mars. Les ouvriers revendiquent une amélioration des cotations de poste et une augmentation de la prime de peinture. Le mouvement, parti d’un des quatre ateliers du secteur, a réussi à rassembler toute la peinture et les trois équipes (2x8 et équipe de nuit). Tous les jours, les grévistes se rassemblaient à leur prise de poste pour décider de la suite. Ainsi, les plus motivés ont pu entraîner les autres, ce qui a fait la force du mouvement.
En une semaine, les débrayages ont créé un goulot d’étranglement entraînant des conséquences dans toute l’usine et forçant la direction à sortir de ses bureaux. Elle ne veut rien lâcher, sinon des promesses creuses, et si le travail a repris, rien n’est réglé.
En relevant la tête, les ouvriers du secteur ont mis en avant des problèmes qui concernent toute l’usine. Tous paient la politique d’Iveco, qui engrange les profits de la transition électrique à leurs dépens : accidents, rythmes de travail dégradés, absence d’embauches fixes, salaires bloqués. Une riposte ouvrière s’impose, derrière des objectifs qui unifient les travailleurs.