Israël-Palestine : Netanyahou se sent tout permis31/07/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/07/Haniyeh.jpg.420x236_q85_box-0%2C0%2C979%2C551_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël-Palestine : Netanyahou se sent tout permis

Samedi 27 juillet, un bombardement sur la ville druze de Majdal Shams, sur le plateau du Golan, à la frontière de la Syrie et du Liban, a tué douze personnes, des enfants et des adolescents, âgés de 10 à 16 ans, qui jouaient sur un terrain de football.

Illustration - Netanyahou se sent tout permis

L’ensemble des dirigeants israéliens ont immédiatement accusé le Hezbollah d’être à l’origine de ce tir meurtrier. Le groupe islamiste libanais a quant à lui reconnu avoir tiré sur des installations militaires mais a démenti formellement avoir tiré sur des civils. Jusqu’à maintenant, le Hezbollah a en effet évité de tirer sur les villages druzes qui représentent la moitié des habitants du Golan et dont beaucoup entretiennent des liens, notamment familiaux, avec ceux qui vivent au Liban. On ne peut exclure une erreur du Hezbollah, mais une autre organisation islamiste pourrait tout aussi bien en être à l’origine. L’hypothèse d’un dysfonctionnement du dôme de fer, le système antimissile israélien, a aussi été évoquée.

En présentant ce bombardement comme « l’attaque la plus meurtrière contre des civils israéliens depuis le 7 octobre », les dirigeants israéliens ont pu obtenir que toutes les chancelleries occidentales leur renouvellent leur soutien, se faisant les complices de la politique coloniale israélienne. En effet, jusqu’en 1967, le Golan était un territoire syrien. Suite à la guerre des Six-Jours, Israël s’est emparé des deux tiers de ce plateau en raison des ressources en eau qui s’y trouvent, mais aussi parce que c’est un point stratégique, commandant la route vers Damas, la capitale syrienne, pour finalement l’annexer en 1981. Alors que l’ONU continue de considérer cette annexion comme illégale, les États-Unis l’ont reconnue officiellement sous la présidence de Trump en 2019, reconnaissance sur laquelle l’administration Biden n’est pas revenue.

La moitié de la population du Golan est composée de quelque 23 000 druzes, qui ont refusé de devenir citoyens israéliens. Ayant souhaité conserver la nationalité syrienne, ils ont le statut de « résidents », pouvant étudier et travailler en Israël, sans avoir le droit de voter. Netanyahou et ses ministres osent aujourd’hui se présenter en défenseurs des Druzes, mais le mensonge est tellement choquant qu’ils ont été hués quand ils ont voulu assister aux obsèques des victimes dont les familles ont refusé de les rencontrer.

Les dirigeants israéliens ont immédiatement cherché à exploiter ce drame pour justifier de nouvelles actions militaires contre le Hezbollah. Netanyahou a annoncé une « riposte sévère ». L’armée israélienne, qui bombarde déjà régulièrement le sud du Liban, ira-t-elle jusqu’à l’envahir, comme elle l’a fait en 1982 et en 2006 ? De leur côté, les États-Unis s’y sont déclarés opposés, cherchant à éviter l’extension du conflit au Moyen-Orient. Netanyahou lui-même a montré, en avril face à l’Iran, qu’il pouvait tout à la fois multiplier les discours incendiaires et ne mener que des actions militaires mesurées pour ne pas s’engager trop loin dans l’engrenage.

Pour se maintenir au pouvoir, Netanyahou alimente en permanence une surenchère guerrière. Mardi 30 juillet, en fin de journée, un raid aérien sur Beyrouth a tué l’un des plus hauts cadres militaires du Hezbollah. Et, dans la nuit, le dirigeant du Hamas, Ismael Haniyeh, a été tué lors d’un bombardement de sa résidence à Téhéran.

En tuant un des principaux représentants du Hamas dans les négociations en cours actuellement pour conclure une trêve à Gaza, les dirigeants israéliens ont clairement montré qu’ils sont prêts à continuer la guerre envers et contre tout.

En effet, la guerre continue d’ensanglanter Gaza, les bombardements frappent quotidiennement l’ensemble de l’enclave palestinienne. Depuis le début du mois, l’armée israélienne prend pour cible les écoles qui accueillent des structures médicales de fortune et des Palestiniens cherchant à fuir les bombardements, ce qui est le cas de la quasi-totalité des Gazaouis. Tous les jours, de nouvelles victimes viennent augmenter un bilan qui se montait le 28 juillet à 39 324 morts, selon le ministère de la Santé de Gaza.

Lors du voyage que Netanyahou vient de faire outre-Atlantique, la Maison Blanche a tenu à rappeler que le gouvernement israélien pouvait compter sur « le soutien indéfectible des États-Unis ». Le message a été clairement compris par Netanyahou : le massacre des Palestiniens peut continuer et il peut aussi poursuivre ses attaques dans toute la région.

Marc Rémy

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