Handicap à l’école : enfants et salariés sacrifiés29/10/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/10/P7-1_Le_18_septembre_%C3%A0_Auch_C_Isabelle_SOURIMENT_Hans_Lucas_via_AFP.jpg.420x236_q85_box-0%2C83%2C799%2C533_crop_detail.jpg

Leur société

Handicap à l’école : enfants et salariés sacrifiés

D’après la commission d’enquête parlementaire sur les défaillances dans la prise en charge du handicap et de la santé mentale, la situation des élèves handicapés se dégrade.

Illustration - enfants et salariés sacrifiés

Près de 50 000 enfants sont en effet scolarisés sans l’aide d’un accompagnant.

Sur les 352 000 élèves devant bénéficier de la présence d’un AESH (accompagnant d’élèves en situation de handicap), 48 726 étaient sans solution à la rentrée 2025. L’année précédente, ils étaient déjà plus de 36 000 sans AESH, une hausse d’environ 35 %.

Depuis 2005 et la loi « pour l’égalité des droits et des chances », les gouvernements successifs n’ont pas été avares de grandes déclarations sur la nécessité de traiter les enfants handicapés comme tous les autres enfants. Aussi mal, auraient-ils pu préciser. Car « l’inclusion » vantée par le gouvernement s’est faite sans déployer les moyens nécessaires pour qu’elle soit autre chose qu’un mot creux, mettant en difficulté les enfants, les enseignants et les AESH.

La commission parlementaire pointe l’absence de transparence sur les résultats de l’école inclusive et « le décalage entre ces discours très volontaristes et la réalité qui est très différente, où on n’a pas de solution ». Le gouvernement répond qu’il peine à recruter et les députés s’interrogent sur les « fortes disparités territoriales » dans l’accompagnement des élèves. Mais il suffit de se pencher sur les conditions de travail et les salaires des AESH pour comprendre pourquoi beaucoup, même enthousiastes, renoncent.

Le salaire mensuel des AESH, en grande majorité des femmes, ne dépasse pas 1 500 euros net en début de carrière, pour atteindre 1 800 euros au bout de 30 ans. Encore s’agit-il d’un salaire théorique, car dans la pratique, la plupart de ces travailleuses sont en temps partiel imposé et leurs salaires plafonnent autour de 1 000 euros. Sans véritable formation ou statut, elles sont à la merci des mutations que l’Éducation nationale leur impose.

Quant aux conditions de travail, elles ne cessent de se dégrader. Faute de trouver des candidats à des emplois difficiles et mal payés, l’État a réorganisé le travail des AESH en créant des pôles d’accompagnement. Ces derniers ont pour effet d’élargir encore le périmètre sur lequel elles doivent intervenir. En zone rurale, la distance que doit couvrir une même travailleuse d’une école à l’autre peut aller jusqu’à 100 km. On imagine les dépenses en carburant, qui s’ajoutent à la fatigue. Quant aux difficultés, pour les AESH comme pour les élèves, qui résultent du fait de devoir jongler entre plusieurs élèves et plusieurs établissements, elles ne préoccupent pas plus le ministère.

Début octobre, l’académie de Rennes a d’ailleurs purement et simplement licencié 25 AESH qui refusaient d’élargir encore leur périmètre d’intervention, alors que, dans le même temps, 1 500 élèves du département d’Ille-et-Vilaine attendaient encore un accompagnant !

Voilà qui en dit plus long que toutes les commissions parlementaires sur la réalité d’un système qui n’a que faire des besoins des élèves, handicapés ou non, et attend de ses salariés qu’ils acceptent cette situation sans broncher.

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