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Dans le monde
Haïti : les masses exploitées n’ont que le choix de la révolte
Cet article est extrait du mensuel La Voix des travailleurs édité à Haïti par l’Organisation des travailleurs révolutionnaires (OTR-UCI)
Les classes dominantes et leurs valets de la classe politique ont laissé proliférer les gangs criminels dans le pays. Pour eux, mieux vaut avoir affaire à des gangs criminels, des assassins qui sèment le deuil et la terreur sur leur passage mais qui s’inscrivent dans la défense de l’impérialisme, que d’affronter des millions de travailleurs, des chômeurs, qui se révoltent contre l’enfer du système d’exploitation capitaliste.
Depuis plusieurs années, les masses populaires vivent au rythme des massacres, des actes terroristes tous plus odieux les uns que les autres. Des quartiers entiers sont rasés et vidés de leurs habitants. Des centaines de milliers de personnes deviennent du jour au lendemain des sans- domicile, certaines étant contraintes de vivre dans des camps ou de fuir vers des villes de province. Des hôpitaux, des écoles, des marchés publics sont incendiés.
Cela n’émeut pas tant la bourgeoisie, qui continue d’engranger des richesses, quitte à payer grassement les groupes armés pour protéger ses affaires. De toute façon, ce sont les travailleurs qui paieront la facture par l’augmentation des prix. Hier comme aujourd’hui, la détresse de la population a toujours été le cadet des soucis de la classe politique. Malgré le délitement presque total du pays, elle continue de se battre autour du pouvoir, comme des charognards pour satisfaire leur gourmandise.
Maître des lieux, l’impérialisme, à travers ses ambassades, ne se sent pas plus préoccupé par le pourrissement de la situation. Si cela coince, des contingents de soldats étrangers peuvent être dépêchés pour venir protéger ses intérêts et évacuer ses ressortissants, comme ils le font actuellement.
Malgré la situation apocalyptique du pays, des armes de gros calibre, des drones, des grenades continuent d’arriver entre les mains des gangs criminels, en provenance des USA, des Caraïbes, de Saint-Domingue. Ce qui fait dire à certains que Haïti et ses classes populaires sont victimes d’un complot.
Loin d’être victime d’un complot, Haïti est victime de la domination capitaliste de la planète depuis le débarquement des mercenaires à la solde de la bourgeoisie montante en Europe, de 1492 jusqu’à aujourd’hui. En cela, Haïti n’est pas une exception. Mais pour avoir, d’une part, tenu tête aux colons esclavagistes français en arrachant leur liberté de haute lutte, en infligeant, d’autre part une défaite humiliante à Napoléon par l’obtention de leur indépendance, les masses haïtiennes victimes de l’esclavage se sont singularisées comme le symbole des luttes contre l’oppression.
Si les gangs armés n’ont pas encore investi toutes les grandes villes du pays, c’est en grande partie dû à la vigilance de la population. Et même à Port-au-Prince, en dépit de la toute-puissance affichée des gangs criminels, certains quartiers comme Canapé-Vert, Juvenat, la ville de Mirbalais, etc. résistent. Dans certains quartiers, les gens s’organisent et engrangent quelques succès.
C’est par la révolte générale de la population que les esclaves ont arraché leur liberté et proclamé leur indépendance à la barbe des colons français et alliés. C’est l’embrasement général des masses laborieuses qui mettra fin à la barbarie des gangs armés et au système d’exploitation qui leur a donné naissance.