Guadeloupe : la lutte des petits planteurs de canne27/03/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/03/une_2904.jpg.445x577_q85_box-0%2C132%2C1383%2C1926_crop_detail.jpg

Leur société

Guadeloupe : la lutte des petits planteurs de canne

Depuis début mars, le bras de fer entre les usiniers, les planteurs et les opérateurs de coupe se poursuit en Guadeloupe.

Les petits planteurs demandaient que le prix de la canne à sucre passe de 109 à 160 euros. Mais cela n’a pas entamé l’intransigeance des patrons de la principale sucrerie, l’usine Gardel à Moule.

Le mouvement est animé par un collectif de planteurs rejoint par quatre syndicats d’agriculteurs. Ils se heurtent à la direction des usines de transformation du sucre, l’usine Gardel en Guadeloupe et la SRMG de Marie-Galante. Ils se heurtent aussi à L’Iguacanne, l’association qui regroupe une partie des partenaires de Guadeloupe et Marie-Galante. Les planteurs ont commencé par bloquer la coupe et la livraison de la canne à l’usine Gardel, pour imposer à sa direction une renégociation des prix. Celle-ci a choisi de placer ses salariés en chômage partiel. Les planteurs ne peuvent vendre qu’aux distilleries qui n’absorbent qu’une petite partie de la canne.

Des négociations ayant repris entre le directeur de l’usine Gardel, les petits planteurs et le préfet, vendredi 22 mars le collectif des petits planteurs insatisfait des propositions ne s’est pas rendu à la rencontre.

La plupart des organisations syndicales, ainsi que des organisations comme le LKP et Combat ouvrier ont appelé à un meeting de soutien mardi 26 mars devant la mairie du Moule. Ils dénoncent, entre autres, la répression judiciaire contre les planteurs et écrivent : « Aujourd’hui ce sont les planteurs, demain ce sera les travailleurs. »

Comme une partie des agriculteurs d’Europe, les planteurs n’arrivent pas à vivre de leur travail. Selon leur témoignage, une fois leur canne vendue, ils remboursent à peine les crédits contractés pour payer ce qui est nécessaire à la culture. Ils subissent la concurrence du fait de l’augmentation de la production de canne dans le monde et de la baisse de leurs exportations vers l’Europe. Malgré une nouvelle subvention de 447 euros par tonne livrée à l’usine Gardel ou à la SRMG, des agriculteurs sont à la limite de la faillite. Leur nombre est déjà passé de 5 000 en 2015 à 1 600 aujourd’hui.

Les usiniers ont pour actionnaires les industriels du sucre bien connus, Tereos, Cristal Union, entre autres. Ces derniers interviennent dans plusieurs pays et ne dépendent pas du sucre de Guadeloupe, bien qu’ils profitent des subventions étatiques pour rentabiliser leur production. Ils disposent d’une grande marge de manœuvre et voudraient l’utiliser pour faire plier les planteurs, au détriment aussi des salariés qui, de leur côté, perdent une partie de leur salaire.

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