Guadeloupe : couvre-feu ou cache-misère ?24/04/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/04/une_2908-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Guadeloupe : couvre-feu ou cache-misère ?

Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, a passé 24 heures en Guadeloupe, le 17 avril. Une demande du maire écologiste de Pointe-à-Pitre, Harry Durimel, a été l’occasion d’une réponse et d’une annonce choc : du 22 avril au 22 mai un couvre-feu sera instauré à partir de 20 heures pour les mineurs, à Pointe-à-Pitre et, partiellement, dans la commune des Abymes.

Le maire des Abymes, Éric Jalton, proche de la gauche socialiste, s’est prononcé contre cette mesure mais le préfet de Guadeloupe, Xavier Lefort, est passé outre et l’a imposée.

La criminalité est certes en augmentation à Pointe-à-Pitre et aux Abymes comme partout aux Antilles-Guyane, en Caraïbe, dans l’Hexagone et dans le monde. Le couvre-feu n’y changera rien. Le fait est que, quand tout se dégrade à grande vitesse, les services publics, les salaires, l’emploi (18 % de chômage) et notamment l’emploi des jeunes (27 % de chômage), cela touche toute la vie sociale et la criminalité augmente. Les vols, mais aussi les bagarres sanglantes, parfois au sein d’une même famille ou entre bandes à cause de l’alcool, de la drogue ou autres, sont plus nombreux chaque année.

En Guadeloupe et en Martinique, une richesse insolente s’affiche à côté d’une grande misère. C’est encore plus visible dans de petits territoires. Des voitures de luxe à 50 000 euros ou plus, des villas cossues avec piscine dans des quartiers spéciaux, des yachts dans les marinas, tous ces signes extérieurs de richesse ou de bien-être côtoient la misère de la majorité de la population laborieuse. Celle-ci se débat comme elle peut avec la vie de plus en plus chère et toutes ces inégalités entraînent ressentiment et colère chez beaucoup, et particulièrement chez les jeunes.

Le couvre-feu n’est qu’un cache-sexe, destiné à masquer la responsabilité dans la dégradation générale de la vie sociale d’un État au service exclusif des classes dominantes.

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