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Gabon : les régimes passent, le pillage demeure
Faisant escale au Gabon lors de sa tournée africaine, Emmanuel Macron s’est appliqué à faire les yeux doux au président Brice Oligui Nguema, l’auteur du coup d’État militaire qui a renversé Ali Bongo en août 2023. Il a largement été payé de retour.

Tandis que le président français affirmait que la prise du pouvoir par Oligui Nguema « avait ouvert une nouvelle ère au Gabon », son homologue gabonais se félicitait du « soutien multiforme qu’Emmanuel Macron avait apporté à son pays ».
À la différence des dirigeants putschistes du Mali, du Burkina Faso ou du Niger, Oligui Nguema avait en effet tenu à affirmer dès son accession au pouvoir qu’il respecterait les engagements internationaux du Gabon, et donc ceux pris par la famille Bongo envers les industriels et les dirigeants français. C’est ce qui compte pour Macron, et pour la délégation du Medef qui l’accompagnait et restera sur place après son départ. Elle entend négocier, entre autres, la participation des entreprises françaises dans la remise à niveau du chemin de fer transgabonais, qui transporte des passagers, mais surtout des minerais et du bois pour l’exportation.
Le cas d’Eramet, la compagnie française qui exploite au Gabon la plus importante mine de manganèse du monde, a particulièrement retenu l’attention des deux présidents. Le nouveau pouvoir a interdit l’exportation de manganèse brut au 1er janvier 2029 afin de favoriser la création d’une usine de transformation dans le pays. Vu les bonnes relations entre les deux présidents, cela devrait s’arranger et les dirigeants d’Eramet ne semblent pas particulièrement inquiets.
Pendant longtemps, la famille Bongo a assuré la domination de l’impérialisme français sur le pays. Celui-ci avait été conçu à l’indépendance par de Gaulle et Foccart, son « monsieur Afrique », comme un émirat pétrolier destiné à compenser la perte du contrôle des gisements algériens. Elf et l’armée française y faisaient la loi, et le clan Bongo paradait dans un luxe insolent.
Aujourd’hui, les choses ont peut-être changé à la tête de l’État gabonais, mais sous Oligui Nguema comme sous les Bongo l’exploitation du pays par les trusts des pays impérialistes, et particulièrement français, continue. Le Gabon est un petit pays d’à peine deux millions et demi d’habitants. Ses ressources minières, pétrolières, forestières, sont considérables. Mais, à côté de ces trésors, une grande partie de la population vit dans le dénuement, sans accès à l’électricité, à l’eau potable, aux services publics de base. Pour les classes populaires, rien n’a réellement changé.