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Leur société
France Relance : cent milliards et des postillons
Dans un rapport publié le 7 mai, l’Observatoire des multinationales a examiné les résultats du plan France Relance.
Ce plan de cent milliards d’euros, dont quarante de fonds européens, avait été lancé par Macron le 14 juillet 2020. Le président, avec la modestie et la retenue qu’on lui connaît, annonçait alors un plan qui allait tout changer en dix ans, entreprendre ce qui n’avait pas été fait jusque-là, réussir la transition écologique et réaliser l’unité du pays jusque-là limité par ses divisions. À la sortie de l’épidémie de Covid, rien ne serait plus comme avant, promettait alors Macron la main sur le cœur.
Presque quatre ans ont passé et l’Observatoire des multinationales relève que, sur les 73 milliards effectivement décaissés, 30 sont allés directement vers les entreprises, dont 20 milliards de baisses d’impôts de production qui profitent bien évidemment aux plus grandes. Une goutte d’eau, 500 millions d’euros, est allée vers les très petites entreprises, celles qui ont été capables de monter un dossier, alors que c’est une tâche banale pour les grandes. Dix huit milliards supplémentaires ont servi à financer l’apprentissage, c’est-à-dire la fourniture de main-d’œuvre quasi gratuite au patronat. Les deux tiers du budget de France Relance sont donc tombés dans les coffres des grands groupes en quelques mois. Puis, en 2022, le site dédié est entré en sommeil, sans doute épuisé du travail accompli. Le haut fonctionnaire chargé du dossier est retourné dans le privé, cette fois-ci chez Suez. Il en a l’habitude, étant déjà passé par Toyota, Airbus et Faurecia, entre deux missions dans la haute administration. Voilà au moins un homme qui sait où va l’argent qu’il contribue à distribuer...
Le ministère de l’Économie, interrogé par cet observatoire, n’a pas de données ou de résultats à fournir, et certainement pas les raisons sociales des bénéficiaires finaux. Pourtant, sans avoir besoin des statistiques de Bercy, chacun sait que la relance à cent milliards n’a pas aidé la population travailleuse, dont les conditions de vie se sont depuis dégradées. Elle n’a pas aidé les services publics et surtout pas l’hôpital, alors même que l’épidémie de Covid en était le prétexte. Elle n’aura donc servi qu’à remplir les coffres des milliardaires. Et le gouvernement, qui a ainsi un peu plus creusé le déficit public, présente aujourd’hui la note aux travailleurs : recul de l’âge de la retraite, blocage des salaires, diminution des allocations chômage, économies désastreuses sur les services publics utiles à la population.
Mais qu’on se rassure, les réserves de promesses mirifiques, de discours sans queue ni tête et de postillons présidentiels sont inépuisables.