Fiscalité : la classe capitaliste choyée03/12/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/12/P3-1_Argent_d%C3%A9vers%C3%A9_au_Medef_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C0%2C930%2C523_crop_detail.jpg

Leur société

Fiscalité : la classe capitaliste choyée

Lundi 1er décembre, le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) a publié un rapport qui décrit la fiscalité du patrimoine en France comme étant « complexe et inégalitaire ».

Illustration - la classe capitaliste choyée

De la taxe foncière à l’impôt sur la fortune immobilière, des droits de succession aux frais sur les transactions immobilières, la fiscalité du patrimoine a fait rentrer en 2024 dans les caisses de l’État 113,2 milliards d’euros, une somme à comparer aux impôts acquittés spécifiquement par les salariés et les plus pauvres au travers de la TVA (180 milliards) ou des impôts sur le revenu (120 milliards).

Que cette fiscalité du patrimoine soit inégalitaire est un fait que même le CPO, un organisme rattaché à la Cour des comptes présidée par l’ancien socialiste Pierre Moscovici, ne peut cacher. En matière de patrimoine, qu’il soit immobilier comme des appartements, des maisons ou des terrains, ou mobilier comme des actions, les 1 % les plus riches du pays, 400 000 foyers fiscaux, possèdent à eux seuls 27 % de la richesse nationale. Cette concentration de la richesse a depuis plusieurs décennies tendance à augmenter, notamment au travers de l’héritage que les enfants de la bourgeoisie reçoivent de la fortune accumulée par leurs parents ou leurs grands-parents. La « méritocratie » sauce Macron se résume en fait à un sport, celui de l’optimisation fiscale, un sport de riches car, pour bien des travailleurs, l’héritage se résume à celui d’une maison ou d’un appartement laborieusement acquis, si ce n’est celui des dettes de leurs parents.

Ce que souligne une nouvelle fois ce rapport, c’est que plus les riches sont riches, moins ils payent d’impôts. Ainsi une étude de 2023 a montré que le taux d’imposition sur l’ensemble des revenus des 70 ménages les plus riches du pays, autrement dit les grandes familles bourgeoises, les Arnault, Bolloré, Mulliez, Dassault et leurs rejetons…, était de 20 %, soit moins que celui du reste de la population. C’est que ces capitalistes ne tirent pas leurs revenus d’un salaire mais pour beaucoup de plus-values immobilières, d’opérations financières au travers de leurs multiplies sociétés et de spéculations diverses. Et ils disposent d’une armée de fiscalistes sachant utiliser les niches fiscales inventées pour leur permettre d’échapper aux impôts…

Le CPO a dit vouloir s’en prendre « en priorité » aux successions et aux donations. La droite a poussé des cris, dénonçant la volonté de la Cour des comptes de taxer les plus riches. En réalité, les mesures avancées par le CPO peuvent viser tout le monde, comme celles à l’encontre de ceux qui ont mis les économies de toute leur vie dans un livret A par exemple. On peut être certain que, parmi ces « propositions », celles qui feront payer les plus pauvres, les plus nombreux, et celles qui aideront les capitalistes ont le plus de chances d’être retenues. Ainsi, le rapport pointe les taxes sur les transactions immobilières, qui « renchérissent le prix de vente des biens, réduisent la liquidité du marché immobilier, en freinant la mobilité résidentielle et professionnelle ». Correctement interprétée, cette observation pourra faire le bonheur des spéculateurs immobiliers.

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