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Leur société
Retraites : De nouvelles attaques programmées
Mise quelque peu en sourdine durant les élections européennes, la question des retraites resurgit de temps à autre. Ainsi Chirac y a été de son petit caillou dans la mare. La France aurait, selon lui, " la triste particularité de cumuler l'un des taux d'activité des salariés âgés les plus faibles des pays industrialisés ". Chirac omet tout simplement d'évoquer le fait que le patronat n'a cessé d'éjecter des entreprises des travailleurs trop âgés à son goût, donc moins exploitables, pour les remplacer par des plus jeunes en moins grand nombre et moins payés, mais plus dispos et donc plus rentables à ses yeux.
Chirac souhaiterait, en fait, comme tous les partisans du recul de l'âge de la retraite, que les travailleurs ne puissent accéder à la retraite à taux plein que le plus tard possible. C'est-à-dire en fait pour nombre d'entre eux, exclus de la production à 60 ans, 50 ans, voire moins, cela signifie qu'ils n'auront qu'une retraite amputée.
Pourtant, la productivité du travail permettrait depuis longtemps d'augmenter considérablement les revenus des actifs comme des retraités, permettrait la diminution du temps de travail aussi bien hebdomadaire que durant toute une vie, tout en satisfaisant pleinement aux besoins de la collectivité. Mais c'est bien le cadet des soucis de Chirac et consorts.
Se déclarant favorable à " l'allongement de la vie active ", Chirac s'affirme également partisan de l'épargne-retraite, c'est-à-dire des fonds de pension habillés à la française. C'est là une autre façon de ponctionner davantage les salariés, et du même coup de procurer des capitaux considérables aux banques et aux institutions financières, sans que rien ne garantisse à la minorité la plus aisée des salariés, qui auraient les moyens de souscrire à ce système, de disposer en fin de compte d'une retraite complémentaire correspondant à leurs versements. Car ces capitaux, utilisés dans des opérations spéculatives, peuvent tout autant fructifier que se volatiliser dans des spéculations douteuses.
Les déclarations de Chirac s'inscrivent, par ailleurs, dans une opération politicienne et électoraliste qui vise à coincer Jospin, en lui reprochant de ne pas aller assez vite dans la mise en oeuvre de ces fonds de pension auxquels Strauss-Kahn et lui-même se sont déclarés favorables. Jospin réplique qu'il ira à son rythme, mais sans contester l'orientation. C'est qu'il n'est sans doute pas pressé d'affronter une réaction des travailleurs, du type de celle provoquée par Juppé en décembre 1995. Entre Chirac et Jospin, c'est un petit jeu pour savoir qui s'y collera pour mettre en oeuvre ce sale boulot.
Mais pour les travailleurs, il y a la menace de devoir cotiser davantage, plus longtemps, pour une retraite diminuée et aléatoire.
Pourtant, les moyens existent qui permettraient aux salariés, après une vie d'exploitation, d'accéder à une retraite méritée, sans régression de leurs conditions d'existence. Il suffirait de commencer par supprimer le chômage, en instaurant le plein emploi pour tous. Cela accroîtrait le nombre de cotisants ; en augmentant les salaires, et du coup le volume des cotisations. Et puis surtout, il suffirait de s'en prendre aux profits des capitalistes qui s'accumulent dans les circuits de la spéculation sans avantage pour personne... sauf pour eux !