Logement : Périssol-Besson, la continuité d'une politique favorable aux propriétaires03/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1625.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Logement : Périssol-Besson, la continuité d'une politique favorable aux propriétaires

La date du 31 août a marqué la fin de ce qui est appelé l'amortissement Périssol (du nom de l'ancien ministre du Logement, RPR, ami de Juppé et ex-dirigeant d'une société de promotion et d'un établissement de crédit immobilier importants), remplacé par l'amortissement Besson (du nom du nouveau ministre du Logement, appartenant au PS celui-là). En fait, le second s'est tranquillement inscrit dans la continuité du précédent. Officiellement, il s'agit de favoriser l'augmentation du nombre de logements neufs privés mis en location à des prix dits raisonnables ; mais plus simplement il s'agit pour lui aussi de soutenir les capitalistes de l'immobilier d'habitation et d'inciter les détenteurs de capitaux à y investir.

Maintenant que le mécanisme Périssol n'est plus autorisé, le seul problème que les professionnels connaissent, selon leur porte-parole de la FNPC (Fédération nationale des promoteurs constructeurs), est un problème " de pédagogie pour faire comprendre au public que le nouvel amortissement Besson est peu différent au final du Périssol, dans la plupart des cas. " C'est dire que le ministre de Jospin, lorsqu'il a révisé l'oeuvre de son prédécesseur, n'a vraiment pas été méchant avec ceux qui se demandent quoi faire de leurs millions et se tâtent pour acheter ou pas un logement afin qu'il leur rapporte gros, en loyers et en déductions d'impôts.

Avec Besson, au lieu de pouvoir déduire de leurs impôts jusqu'à 80 % du prix du logement, ils ne peuvent plus déduire que 65 %, ce qui est moins bien, certes. Mais ils le feront désormais en quinze ans, au lieu de 24 ans avec la formule Périssol, ce qui est mieux, sans compter quelques autres petites ristournes fiscales améliorées, non négligeables pour tous ceux qui possèdent de gros revenus fonciers. Petit désagrément pour les riches qui n'aiment pas les contraintes, dans le système Besson : contrairement au régime Périssol, les loyers sont plafonnés ainsi que les ressources des locataires. Mais les plafonds de loyers correspondent à peu de chose près aux loyers pratiqués sur le marché (exception faite peut-être de certains secteurs de la région parisienne). Quant au plafond de ressources des locataires, du moment que ceux qui sont logés paient rubis sur l'ongle le loyer demandé...

Sous prétexte d'aider à la construction de logements à louer, le précédent gouvernement avait permis au fisc de faire un cadeau royal à tous ceux qui achetaient chez les marchands de béton et autres promoteurs. Au moins 140 000 logements seraient ainsi construits grâce à cette politique, et financés en très grande partie par le biais de déductions fiscales, donc par le budget de l'État. Et puis, les logements seront-ils loués à ceux qui ont le plus besoin d'être logés mais ne peuvent pas payer cher ? Bien sûr que non, et tel n'était pas le but de Périssol. En revanche, il était bien de faire plaisir aux promoteurs comme aux riches investisseurs. Cela a été illustré, dans les derniers jours d'août, par le nombre de ceux qui venaient encore, dans les bureaux de vente des constructeurs, mettre cash sur la table les cent " briques " nécessaires pour acheter les derniers appartements accessibles au dispositif fiscal Périssol.

Désormais, le dispositif Besson prend la relève... pour le plus grand plaisir des bétonneurs et des propriétaires. Quant aux candidats locataires, quant à tous ceux qui ont un besoin vital de mettre un toit correct et bon marché au-dessus de leur tête et de celle de leur famille, ils devront encore attendre.

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