Une vague d'épidémies sévit en ce moment en Roumanie, l'un des pays les plus pauvres d'Europe centrale. Dans la région de Bucarest, la capitale, trois mille cas de méningite virale, frappant surtout des jeunes et des enfants, ont été recensés ce mois-ci. Un millier de personnes souffrent de conjonctivites, au point que l'hôpital d'ophtalmologie de Bucarest, qui croule sous les demandes de consultation en urgence, a dû faire intervenir les médias pour diriger les patients vers d'autres cliniques. Des cas de fièvre typhoïde, disparue depuis 1945, sont apparus.

Une épidémie d'hépatite A vient également de se déclarer. 200 enfants sont touchés mais les autorités sanitaires s'attendent à une augmentation du nombre de victimes. Pour tenter d'y faire face, la rentrée a été repoussée de deux semaines en Moldavie, région rurale à l'est du pays, réputée pour sa pauvreté et où se trouve le noyau dur de cette série d'épidémies. Dans les campagnes, le risque de contagion est très important car beaucoup d'écoles n'ont ni eau courante, ni canalisations. Mais la maladie prolifère aussi dans les faubourgs insalubres de Bucarest, où règne une odeur de plus en plus pestilentielle.

Ce pays de 22 millions d'habitants, qui a vu sa dette presque tripler depuis 1993, paie au prix fort le rétablissement de l'économie de marché et s'enfonce dans une arriération et une misère de plus en plus noires, à inscrire au livre noir du capitalisme.