Électroménager : la libre concurrence à la lessiveuse25/12/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/12/une_2943-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Électroménager : la libre concurrence à la lessiveuse

Jeudi 19 décembre, l’Autorité de la concurrence a infligé une amende de 611 millions d’euros à une dizaine de fabricants mondiaux d’électroménagers et à deux enseignes de commercialisation pour s’être entendus sur les prix.

Cette entente, de 2007 à 2014, réunissait le gratin du secteur : Whirlpool, LG, Indesit, Miele, Electrolux, le français Seb, etc. Ces industriels s’étaient accordés avec les distributeurs Darty, avalé depuis par la Fnac, et Boulanger, racheté en 1986 par la famille Mulliez, pour empêcher toute guerre des prix et les maintenir au plus haut. Le saint principe de l’économie de marché que serait la concurrence libre et non faussée était mis en cause, et le consommateur se retrouvait une fois de plus être le dindon de la farce.

La libre concurrence relève en fait du conte de Noël. L’Autorité de la concurrence distribue régulièrement les amendes pour entente illicite sur les prix dans des secteurs aussi variés que les produits laitiers, les sandwichs industriels, les produits d’hygiène et d’entretien, la distribution de produits électroniques, la téléphonie mobile. Et encore, il ne s’agit là que du menu fretin de l’industrie et de la distribution, car ce type d’entente concerne aussi les trusts les plus puissants du monde, dans la fourniture des minerais, du pétrole et du gaz, de l’électricité. Dans quasiment tous les secteurs de l’économie, y compris dans les banques et assurances, une poignée de grands groupes capitalistes occupent une position dominante qui leur permet très facilement de s’accorder en s’assurant des surprofits. Le secret des affaires, garanti par la loi, les protège et il est bien plus puissant que toutes les Autorités de la concurrence du monde.

En général, ces accords ne durent qu’un temps. L’Autorité de la concurrence applique d’ailleurs une procédure dite de clémence qui permet à celui qui révèle une entente sur les prix de ne pas régler d’amende. Dans ce cartel de l’électroménager, le traître ne semble pas identifié, et les amendes ont été distribuées à tous, bien qu’inégalement réparties. Ainsi, le groupe Seb, sanctionné par l’amende la plus lourde, va-t-il faire appel, ainsi que le distributeur Boulanger. Les amendes pourront donc baisser. Et avant qu’elles ne soient payées, de l’eau coulera sous les ponts, tout comme les profits dans les caisses de ces voleurs en bandes organisées.

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