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- Lutte ouvrière n°2905
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Européennes
Économie de guerre : on ne se nourrit pas de canons !
Après avoir annoncé la livraison à l’Ukraine de quelques centaines de vieux blindés que l’armée française souhaite remplacer, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a appelé à un renforcement de la production d’armement.
Vendredi 29 mars, des décrets ont été publiés pour permettre au ministre des Armées de fixer des productions prioritaires et d’obliger des entreprises à constituer des stocks de matières premières ou de composants. La réquisition peut concerner les stocks, les machines et les travailleurs eux-mêmes… Ces dispositions s’accompagnant d’un déluge d’argent public, on n’a pas entendu, cette fois, le patronat s’insurger contre l’intervention excessive de l’État !
Les commandes de la Direction générale de l’armement (DGA) ont atteint un niveau historique en 2023, avec 20,3 milliards d’euros, dont 9 milliards rien qu’en décembre : en un seul mois, presque le montant moyen dépensé chaque année entre 2012 et 2016 ! Dans le détail, fin 2023, Thales s’était vu attribuer 6 milliards d’euros de commandes, Airbus Defence and Space, Airbus Helicopters et Dassault 5 milliards, tandis que Naval Group pouvait tabler sur 4 milliards, MBDA sur 3 milliards, Safran sur 2 milliards, Nexter sur 1,5 milliard, Arquus sur un milliard…
Lecornu demande des livraisons anticipées pour un demi-millier de missiles sol-air et des dizaines de milliers d’obus, afin de reconstituer les stocks tirés en mer Rouge, de livrer l’Ukraine… et d’éviter les pertes de marchés à l’export, certains contrats étant passés sous le nez des capitalistes français.
Les travailleurs doivent mettre en avant leurs propres exigences et revendiquer la réquisition des profits des industriels de l’armement. Ils devront imposer que l’économie soit organisée, non pour la guerre, mais pour satisfaire les besoins des classes populaires. Cela ne sera possible que sous le contrôle des travailleurs eux-mêmes.