Dette de l’État : qui la paye et qui en profite31/07/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/07/P12-1_Budget_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C74%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Leur société

Dette de l’État : qui la paye et qui en profite

La dette de l’État français est exorbitante puisqu’il doit plus de 3 000 milliards d’euros à des banques et fonds d’investissements privés ou encore à d’autres États. Pour financer le remboursement partiel de cette dette et d’autres dépenses, l’État contracte chaque mois pour près de 20 milliards d’euros de nouvelles dettes.

Illustration - qui la paye et qui en profite

Ce tour de passe-passe n’est tenable que si les financiers mondiaux qui prêtent de l’argent à l’État acceptent de le faire pour un taux d’intérêt bas. Ils y trouvent leur compte car prêter à un État stable et riche comme la France est considéré comme une garantie. C’est une manière de placer des sommes considérables de façon qu’elles rapportent quasiment sans aucun risque.

Pour les classes bourgeoises du monde entier, prêter de l’argent à l’État a été depuis longtemps une source considérable d’enrichissement. L’État utilise les capitaux empruntés pour investir là où les capitalistes n’ont pas envie de le faire, par exemple dans la santé, les transports ou les autoroutes, quand il s’agit de construire des infrastructures qui demandent d’importantes dépenses sans que celles-ci rapportent immédiatement des bénéfices. Et en même temps, c’est l’État qui se charge de faire payer la population pour verser chaque année aux capitalistes des intérêts sur la dette.

Avec les incertitudes politiques liées à la dissolution de l’Assemblée nationale, les services du ministère des Finances craignaient d’avoir des difficultés à emprunter à un taux acceptable. Finalement, le Trésor a encore pu trouver des prêteurs facilement. Mais, l’instabilité politique étant toujours là, les financiers ne voient plus l’État français avec autant de confiance qu’avant. À quelle vitesse cette dégradation de la confiance pourrait entraîner une hausse importante des taux d’intérêts, c’est imprévisible.

La crainte des milieux financiers est de voir s’enclencher un cercle vicieux de surendettement comme cela est arrivé à l’État grec en 2010, car il pourrait être le facteur déclenchant d’une crise financière catastrophique, au niveau européen et même mondial. Les dirigeants de la Banque centrale européenne (BCE) ont donc déjà déclaré qu’ils seraient prêts à intervenir pour acheter des dettes de l’État français au cas où les financiers n’en voudraient plus.

Il reste à voir si cette promesse suffira à rassurer les milieux financiers, toujours si inquiets de voir leurs capitaux et le versement des intérêts garantis. En fait, face à une crise majeure de la dette, la BCE pourrait ne pas pouvoir dégager les sommes gigantesques nécessaires et ne pas avoir les moyens de faire face. Tant pis alors pour les financiers et leurs nuits sans sommeil, pourrait-on dire, s’ils n’avaient pas les moyens de faire payer à toute la population les conséquences de la crise de leur système.

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