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Dans les entreprises
Cotelle – Rillieux-la-Pape : la grève oblige le patron à payer
Après plus d’un mois d’une grève massive, puisque, sur 104 salariés à l’effectif, seuls quelques membres de la direction continuaient à travailler, les travailleurs de Cotelle à Rillieux-la-Pape dans la banlieue lyonnaise ont repris le travail lundi 29 avril.
S’ils n’ont pas pu empêcher la fermeture de l’usine, prévue en septembre, Colgate-Palmolive, la multinationale propriétaire de l’usine Cotelle, a dû augmenter sérieusement les mesures prévues dans son plan de suppression d’emplois. Le 31 janvier, lorsqu’elle a annoncé la fermeture, elle ne proposait pas grand-chose : une prime de licenciement de 1 à 1,2 mois par année d’ancienneté, avec un maximum de 24 mois pour ceux en ayant le plus. Et rien n’était prévu pour les plus anciens, qui avaient comme perspective de se retrouver au chômage.
Les travailleurs de Cotelle savaient que Colgate- Palmolive avait vraiment les moyens de payer des indemnités importantes. En 2023, le groupe a fait 2,3 milliards de dollars de profits. Et, pour 2024, le chiffre d’affaires et le bénéfice depuis le début de l’année sont encore en hausse. Quant à l’action Colgate, elle a augmenté de 12 % depuis le début de l’année.
Les travailleurs, dont la moitié ont plus de 54 ans, ont refusé d’être jetés à la rue avec une simple aumône, et se sont mis en grève. Chaque jour, ils étaient 70 regroupés à l’entrée de l’usine, faisant entendre leur colère au directeur qui a dû se réfugier dans un bureau plus éloigné de l’entrée. Des habitants proches de l’usine, des militants syndicaux ou des travailleurs d’autres entreprises sont venus apporter leur soutien, une cagnotte en ligne a été créée. Dans les derniers jours de la grève, un tract s’adressant aux travailleurs de la zone industrielle a été distribué. De leur côté, les 450 travailleurs de l’usine Colgate de Compiègne, conscients que cette attaque contre leurs camarades de Cotelle les concerne tous, ont fait grève fin avril.
Finalement, un accord a été signé entre la direction et les syndicats le 2 mai. Colgate-Palmolive s’engage à verser des primes de licenciement de 2,2 mois de salaire par année d’ancienneté, pouvant atteindre jusqu’à 42 mois de salaire. La direction financera aussi un système de préretraite jusqu’à huit ans avant le départ en retraite, avec des rémunérations comprises entre 65 et 80 % du salaire brut, y compris en prenant en charge à 100 % les cotisations retraite.
Ces mesures, qui soulagent les travailleurs, ne représentent au fond qu’une toute petite partie de l’immense bénéfice du groupe Colgate-Palmolive. Mais, pour les obtenir, il aura fallu la grève pendant un mois, sans qu’aucune dose de javel ne sorte de l’usine.