Cinq ans après le confinement : des “premières lignes” toujours aussi maltraitées19/03/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/03/P12-1_A_une_fen%C3%AAtre_pendant_le_confinement_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C907%2C2362%2C2235_crop_detail.jpg

Leur société

Cinq ans après le confinement : des “premières lignes” toujours aussi maltraitées

Il y a cinq ans l’État imposait brutalement à toute la population de se confiner pour faire face à la saturation du système hospitalier du fait de l’épidémie de Covid.

Illustration - des “premières lignes” toujours aussi maltraitées

Le temps a passé et la situation dans les hôpitaux, comme celle des travailleurs de ce qu’on a alors appelé les « premières lignes », n’a fait que s’aggraver.

Les applaudissements médiatisés à 20 heures servaient à faire oublier les responsabilités de l’État dans le délabrement des hôpitaux. Sans surprise, la crise passée, les hommages aux « héros de la nation » n’ont pas été transformés en ouvertures de lits, en embauches de personnel, en augmentation de salaires et en amélioration des conditions de travail.

Au contraire, la catastrophe révélée par la crise du Covid s’est poursuivie. Les suppressions de postes et les fermetures de lits se sont aggravées : le record annuel a été établi en 2022, après le Covid, avec 6 700 fermetures de lits cette année-là. Quant au « Ségur de la santé », qui se voulait une réponse du gouvernement aux revendications des travailleurs du secteur, il n’a accordé qu’une augmentation de salaire bien insuffisante aux hospitaliers, et rien à ceux de la sous-traitance. Et beaucoup ont dû se battre pour toucher quelque chose.

Les pénuries de personnel, aggravées par le manque de places ouvertes pour former médecins ou infirmiers, ont continué de dégrader les conditions de travail. Modifications permanentes des plannings, travail de week-end imposé, heures supplémentaires non payées sont le lot quotidien, ce qui pousse de plus en plus de soignants des hôpitaux à la démission, alimentant un cercle vicieux. Des lits restent fermés des mois faute de personnel pour s’occuper des patients. Si les Urgences ne sont pas débordées en permanence, ce n’est que grâce au filtrage des admissions qui renvoie les malades jugés non urgents vers des consultations... téléphoniques.

Pour les malades, et d’abord ceux des classes populaires, tout cela se traduit par des retards de prise en charge, des soins non réalisés, des opérations repoussées – 700 000 séjours de chirurgie n’ont pas été réalisés depuis 2020 selon la Fédération hospitalière de France – et à la fin, par des pertes d’espérance de vie. Cela suffit à prouver que la sauvegarde de la santé de la population n’a jamais été, pas plus aujourd’hui que lors de l’épidémie, la préoccupation de ceux qui dirigent la société.

Quant aux caissières des supermarchés, éboueurs, aides à domicile, salariés des Ehpad, ouvriers de l’agro-alimentaire, chauffeurs de poids lourds, livreurs et autres travailleurs indispensables, « ces femmes et ces hommes sur qui tient le pays tout entier et que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal » selon les mots qu’avait osés Macron, ils sont toujours indispensables mais toujours aussi mal payés. Pour le patron du Medef, interrogé par Les Échos, « c’est regrettable mais dans ces secteurs les marges sont trop faibles pour mieux les rémunérer ». Leurs salaires réels ont même baissé du fait de l’inflation. Entre-temps, Macron et Borne les ont obligés à travailler deux ans de plus avant de pouvoir prendre leur retraite.

Il y a cinq ans, Macron prétendait être « en guerre contre le Covid ». Mais la guerre que les gouvernants ne cessent de mener, pour garantir les profits des capitalistes, de l’industrie pharmaceutique comme de l’armement, c’est la guerre contre les travailleurs.

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