Camaïeu : le bal des voleurs04/09/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/09/une_2927-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Camaïeu : le bal des voleurs

Toutes les chaînes de télévision ont fait un reportage sur la réouverture à Lille d’un magasin Camaïeu intégré dans un magasin Celio. Il est le premier d’une série de douze… deux ans après la liquidation judiciaire de l’enseigne, la fermeture de 511 magasins et le licenciement de 2 600 salariés.

Aujourd’hui, pour assurer le lancement du nouveau concept, 100 personnes ont été recrutées, dont dix ex-salariées de Camaïeu. D’après le mandataire judiciaire qui suit le dossier, près de la moitié des salariés licenciés en septembre 2022, essentiellement des femmes, sont toujours sans emploi. Mais en réalité elles sont beaucoup plus. Car plusieurs centaines d’entre elles, officiellement sorties des chiffres du chômage, passent de formation en formation ou d’un contrat dit de sécurisation professionnelle à un autre sans débouché sur l’emploi en CDI qu’elles sont en droit d’attendre. « C’est une claque à la figure de chaque salarié licencié », a déclaré l’une d’elles, jetée à la rue après plus de trente ans de travail dans la même boutique.

Du côté des patrons, par contre, tout se passe comme ils le décident. Les propriétaires de Celio ont racheté aux enchères la marque Camaïeu pour 1,8 million d’euros. Les propriétaires précédents, qui ont vidé les caisses et conduit Camaïeu à la liquidation, avaient eux-mêmes racheté l’enseigne à la barre du tribunal pour la somme symbolique de deux euros, après avoir exigé et obtenu la fermeture de 123 magasins et le licenciement de 500 salariés.

Et on peut ainsi remonter la chaîne des actionnaires propriétaires de l’enseigne, jusqu’à sa création en 1984 par un quatuor de capitalistes nés dans le giron de la famille Mulliez, septième plus grosse fortune du pays, à la tête de Auchan et de plusieurs dizaines d’autres enseignes. Parmi elles, la branche hommes de Camaïeu rachetée en 2000 et renommée Jules. La même année, la branche Camaïeu enfants était rachetée par la famille Duforest et développée sous la marque Okaïdi.

Pendant toutes ces années, Camaïeu a contribué à assurer la fortune d’une poignée de gros capitalistes parmi les plus riches du pays. C’est dans leur tas d’or qu’il faut puiser pour garantir un salaire à tous les salariés de Camaïeu.

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