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Leur société
Budget : et à la fin, le patronat gagne
Le gouvernement qui cherche désespérément un consensus l’a finalement obtenu : tous les députés sauf un ont rejeté le volet « recettes » du budget dans la nuit du vendredi au samedi 22 novembre.
La gauche et le RN se sont prononcés contre, tandis que les soutiens traditionnels du gouvernement se divisaient entre rejet et abstention. Certains espèrent que les complications et le temps perdu finiront par permettre au gouvernement de reprendre la main.
Bien des députés préoccupés par les prochaines élections, ne souhaitent pas – ou plus – être associés de près ou de loin à Macron dont l’impopularité bat des records. Ceux du RN tiennent à montrer leur opposition aux mesures semblant viser les patrons, dont ils veulent obtenir la bénédiction, tout en se démarquant des macronistes. Quant au PS, pour ne pas se retrouver seul à soutenir le texte négocié avec Lecornu, il a rallié hardiment le camp du « non » en prétendant que « le compte n’y est pas ».
Le texte initial du gouvernement est renvoyé au Sénat, et il est très probable que le budget ne puisse pas être adopté avant Noël. Faut-il comprendre que, non contents d’égayer les fêtes de fin d’année, ce théâtre parlementaire pourrait bloquer les mesures envisagées pour prélever dans les poches des travailleurs les milliards exigés par les financiers gavés à la dette publique, par le patronat français qui réclame son lot de subventions et par les galonnés de l’état-major qui piaffent pour se payer des Rafale, des obus et autres engins de mort ?
Ce serait compter sans la constitution léguée par l’illustre général de Gaulle, si truffée de portes dérobées que pas un mois ne passe sans la découverte de nouvelles manières de faire avaliser les mesures anti-ouvrières : sans même recourir à l’article 49.3, le gouvernement peut toujours faire passer son budget sans vote, par ordonnances, ou faire voter une loi spéciale reconduisant celui de l’an dernier, qui n’avait rien à envier à celui préparé pour 2026.
Tous les responsables politiques, qui font mine de s’affronter, respectent une même logique, dont l’aboutissement final sera de faire payer les travailleurs et les couches populaires. Si Lecornu continue d’affirmer qu’il y a une majorité pour adopter son budget, c’est qu’il sait pouvoir faire appel à leur sens des responsabilités.