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Dans les entreprises
BlaBlaCar : Blabla cash
Concurrence déloyale organisée par l’État, caution écologique et gros sous, la success-story de BlaBlaCar n’est, ni plus ni moins, qu’une histoire ordinaire sous le capitalisme.
C’est en 2012 que la petite start-up de covoiturage, qui allait s’appeler plus tard BlaBlaCar, a croisé le chemin du géant pétrolier Total et accepté un accord secret dans les bureaux du ministère de l’Écologie. Depuis 2005, l’État avait mis en place les CEE (certificat d’économie d’énergie) comme mesure phare de sa politique de maîtrise énergétique, selon le principe dit du « pollueur payeur ». Des petites entreprises habilitées par le ministère de l’Écologie à émettre des CEE (dans le domaine de la rénovation de logement, par exemple) pouvaient les vendre à de grandes entreprises productrices d’énergies comme Total. Mais à cette époque, le ministère de l’Écologie n’avait pas autorisé les entreprises de covoiturage à émettre de tels CEE.
C’était sans compter sur la force de persuasion de Total qui obtint alors la mise en place secrète d’une politique de concurrence déloyale. BlaBlaCar devint alors la seule entreprise de ce secteur à émettre des CEE pour chaque nouveau conducteur inscrit sur son site. Elle les vendait environ 140 euros pièce à Total et reversait seulement 25 euros au conducteur sous forme d’une carte cadeau, à utiliser uniquement dans les stations Total.
Des années plus tard, cette combine a rapporté plusieurs centaines de millions d’euros à l’entreprise BlaBlaCar, notamment grâce à une surévaluation du montant des CEE. Elle est dorénavant leader mondial du covoiturage et pèse pour 1,6 milliard de dollars.
Le groupe Total, quant à lui, s’est financé pour pas cher une campagne de publicité sur son engagement pour la préservation de l’environnement et a au passage augmenté sa clientèle dans les stations service avec les cartes cadeaux dont le montant ne couvre pas un plein d’essence. « Pollueur » c’est certain, mais « payeur » vraiment pas !