Belgique  : les travailleurs d’Audi contre les licenciements04/09/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/09/une_2927-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique  : les travailleurs d’Audi contre les licenciements

La direction d’Audi-Bruxelles a déclenché la procédure légale en vue de milliers de licenciements et d’une fermeture probable en 2025.

Pour l’instant, les travailleurs sous contrat Audi reçoivent leur salaire. Mais les centaines appartenant aux firmes sous-traitantes du site ont été mis en chômage pour « force majeure ». Ils perdent 40 % de leur salaire, mais pour le moment n’ont pas encore été payés car il manquerait un document, et leurs directions les maintiennent dans le flou complet sur l’avenir.

Mardi 20 août, après cinq semaines de chômage et de vacances annuelles, les 3 000 travailleurs de l’usine Audi et des sous-traitants étaient appelés à un rassemblement par les syndicats, le premier depuis l’annonce de la restructuration d’ampleur pouvant aller jusqu’à la fermeture. Les travailleurs menacés de licenciement sont appelés à « rester unis derrière les syndicats » dans la seule perspective des négociations et d’une manifestation pour « une politique industrielle » prévue le 16 septembre. L’annonce récente par le groupe VW, actionnaire d’Audi, de ne pas exclure des licenciements et des fermetures de sites en Allemagne, rend ce mot d’ordre encore moins crédible aux yeux de beaucoup.

La direction d’Audi-Bruxelles, quant à elle, n’a pas osé tenter de reprendre la production immédiatement à la fin des congés annuels. Même lorsqu’elle convie les travailleurs à une assemblée du personnel, elle ne le fait qu’à Forest National, la salle de concert proche de l’usine, sous haute surveillance policière et après avoir imposé une fouille corporelle aux 1 300 travailleurs qui avaient fait le déplacement.

Les travailleurs des firmes sous-traitantes, qui étaient exclus de l’assemblée de la direction, ont compris qu’ils ne peuvent pas attendre le rendez-vous du 16 septembre sans véritable revendication. Depuis le 26 août, un petit nombre d’entre eux campent devant l’entrée principale de l’usine pour se faire entendre. En une semaine, la présence devant l’usine s’est organisée. Le nombre de tentes a augmenté, des chaises, une table, des tonnelles sont arrivées. En journée, des voisins du quartier passent apporter croissants, café et boissons. En soirée, c’est la cagnotte pour le barbecue.

Les travailleurs mobilisés ont réussi à sortir de l’invisibilité. Des journalistes sont passés, et même le directeur de l’usine s’est déplacé et leur a apporté des croissants accompagnés de quelques flatteries hypocrites pour tenter de les convaincre de déménager ailleurs. « On voit que vous êtes des gens bien », leur a-t-il dit. Que croyait-il ? Il parle à des ouvriers, pères et mères de famille qui doivent lutter pour pouvoir vivre ! Les irresponsables sont ces patrons qui ferment les usines pour faire toujours plus de profits !

Quelques travailleurs d’Audi aussi passent, encore en petit nombre. Sinon la combativité, la conscience qu’il faut être tous ensemble existent bel et bien. Et le « camping de l’entrée 201 » devient le rendez-vous de ceux qui veulent s’organiser pour se donner les moyens d’agir et de ne pas attendre de constater que rien n’est sorti des négociations.

Le combat s’annonce long et dur. Un premier ouvrier du camping a été licencié pour des propos tenus sur Facebook. Mais au moins, ce camping de l’entrée 201 est un lieu où personne ne se retrouve seul, et où on peut réfléchir et décider ensemble des prochaines étapes.

Partager