Bâtiment : ouvriers sans travail, familles sans toit01/05/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/05/une_2909-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Bâtiment : ouvriers sans travail, familles sans toit

Nexity, premier promoteur du pays, supprime cinq cents emplois pour, disent ses dirigeants, faire face à la crise de l’immobilier. Quelle que soit la réalité de cette crise, le patronat choisit évidemment de la faire payer aux travailleurs, un geste qui a ravi les actionnaires puisqu’il a entraîné une hausse de près de 5 % du cours de l’action de l’entreprise.

Le fait est que la politique gouvernementale d’économies sur le logement et d’étranglement des collectivités locales, la hausse des taux d’intérêt, le renchérissement des matières premières de la construction et la baisse du niveau de vie des catégories populaires ont entraîné une baisse spectaculaire des mises en chantier en 2023. Il y a eu 116 000 demandes de permis de construire en moins, soit une baisse de 20 %. Cela touche aussi bien le logement individuel que le logement collectif.

Si les licenciements dans les grandes sociétés sont quantifiés, il est difficile de savoir ce qu’il en est chez leurs sous-traitants et dans les dizaines de milliers de petites entreprises du bâtiment, celles qui construisent et entretiennent les logements des classes populaires, en zone rurale et dans les petites villes. Mais, dans ces secteurs, chacun connaît un voisin qui ne trouve plus de travail dans le bâtiment ou dont l’entreprise a fait faillite.

Les grands patrons comme ceux de Nexity s’arrogent le droit de parler pour tout le monde, y compris pour les ouvriers qu’ils condamnent au chômage après les avoir esquintés des années durant. Ils parlent de 300 000 emplois menacés et attribuent la crise au manque d’investissement dans la construction. Les détenteurs de capitaux préfèrent, disent-ils, aller en Bourse, où l’on paye moins d’impôts. Et de demander le renouvellement, la prolongation voire l’invention de nouveaux dégrèvements sur la construction. Le logement des classes populaires dépendrait donc des possibilités offertes aux détenteurs de capitaux.

On ne peut démontrer plus clairement que, dans cette société, on ne construit pas des logements pour offrir un toit à qui en a besoin, mais pour procurer un bénéfice à qui est déjà riche ! Un système grâce auquel il y a à la fois des travailleurs qualifiés du bâtiment au chômage, des piles de matériaux qui attendent dans les entrepôts, des millions de mal-logés et des milliers de familles dans la rue.

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