Bardella : en tenue de Premier ministre03/07/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/07/une_2918-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Élections législatives

Bardella : en tenue de Premier ministre

Dans son discours au soir du 30 juin, Jordan Bardella, costume et cravate sombres, chemise blanche, s’est présenté en habit de futur Premier ministre et sauveur de l’État qu’il espère être après le second tour de ce scrutin selon lui « l’un des plus déterminants de l’histoire de la Ve république. »

Le ton tranquille mais le vocabulaire apocalyptique, Bardella a désigné l’ennemi, le Nouveau Front populaire, qui fait courir « à notre nation un péril existentiel ». Car la victoire de ses candidats « communautaristes », et même « fichés S », ne pourrait selon lui que conduire « à l’insurrection, au désordre et à la ruine du pays ». Tout en nuances…

En face, le Rassemblement national serait le sauveur. En bon politicien qui cherche un écho dans un public déjà acquis, il a déroulé ses thèmes favoris : la reprise en main de la politique migratoire, l’ordre, le respect des institutions, de la police, de la nation. Quant aux électeurs dont un bon nombre ont voté par exaspération contre la dégradation de leur situation matérielle, ils ont eu droit à une très petite mention sur la défense du pouvoir d’achat, noyée au milieu de propos destinés, s’il en était besoin, à rassurer les responsables de l’État bourgeois, et la promesse d’être « un Premier ministre de la cohabitation respectueux de la Constitution et de la fonction du président de la République ».

Bardella a ajouté qu’il souhaitait que cette période électorale se déroule dans un climat « apaisé (…) respectueux des règles démocratiques ». Le RN avait d’ailleurs pris soin d’éviter tout rassemblement trop large de militants et d’électeurs, qui auraient pu en étalant leur satisfaction se livrer à quelque désordre intempestif. Le signal était donc clair. Il a été envoyé à une partie des militants ou candidats du RN priés de modérer leurs propos, ou à des électrons libres, identitaires ou autres, que Bardella a bien connus dans sa jeunesse. Le RN et Bardella en costume de premier ministrable veulent désormais passer à la seule chose vraiment sérieuse : être des gouvernants sachant servir la bourgeoisie, sa politique et ses affaires. Et c’est à elle que le vrai signal a été envoyé.

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