Bangladesh : la Première ministre partie, les généraux entrent enscène07/08/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/08/075-salahuddin-notitle240716-npins-1-66a24a472447c437445975.jpg.420x236_q85_box-0%2C0%2C432%2C243_crop_detail.jpg

Dans le monde

Bangladesh : la Première ministre partie, les généraux entrent enscène

Au Bangladesh, après plusieurs semaines de manifestations que ni le couvre-feu ni la répression n’ont réussi à contenir, la Première ministre Sheikh Hasina s’est vue contrainte de démissionner lundi 5 août.

Illustration - la Première ministre partie, les généraux entrent enscène

La contestation était venue des étudiants qui réclamaient la fin de la politique des quotas, qui réservait 30 % des emplois dans l’administration aux proches du pouvoir. Le recul du gouvernement, qui est revenu à un quota de 5 %, n’a pas freiné la mobilisation. Au contraire, la violence de la répression et le rejet par la population de Sheikh Hasina n’ont fait que l’amplifier, et lui ont donné une tournure politique. Les quelque 300 morts recensés, les 10 000 arrestations ont gonflé la colère des Bangladais. Après une nuit de violence dimanche 4 août, durant laquelle une centaine de personnes furent encore tuées, une énorme foule a envahi le palais de la Première ministre. Celle-ci n’a plus eu le choix que de s’enfuir à l’étranger, et le chef des armées, le général Waker-Uz-Saman, s’est empressé de déclarer qu’il allait assurer le pouvoir par intérim.

Il est clair que, en raison de son incapacité à juguler les émeutes, Sheikh Hassina a été lâchée par la junte militaire. Déjà, tournant casaque, un général lui avait demandé de « retirer immédiatement les forces armées des rues », condamnant par ailleurs « les meurtres inacceptables, les tortures, les disparitions de personnes et les arrestations massives »… commis pourtant par ses propres forces de répression ! De son côté, le général Waker-Uz-Saman a demandé à la population d’avoir confiance dans l’armée, promettant qu’il garantira la démocratie et que justice sera rendue à chaque manifestant mort pendant les émeutes.

Quelle confiance la population peut-elle avoir dans les paroles de ces militaires qui, la veille même, tiraient sur les manifestants ? Dans bien des pays, quand l’armée a pris le pouvoir en prétendant être du côté des opprimés, comme en Égypte, en Birmanie, en Tunisie, etc., elle n’a pas apporté la « démocratie. » Elle a au contraire instauré une dictature qui en a chassé une autre, laissant la population dans la crainte et le dénuement. Au Bangladesh, la crise politique vient se greffer sur une crise sociale, à laquelle ont répondu notamment les luttes les travailleurs du textile.

Si les Bangladais ont pu se réjouir du départ de Sheikh Hassina, seuls les travailleurs pourront instaurer un régime réellement démocratique et prenant en compte les besoins de la population.

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