Armement : euphorie boursière19/03/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/03/P8-3_actions_marchands_d_armes_Ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C250%2C2667%2C1750_crop_detail.jpg

Dans le monde

Armement : euphorie boursière

Depuis les discours va-t-en-guerre et les promesses de faire pleuvoir une manne d’argent public sur les industries d’armement de l’Union européenne, une forme de jubilation s’empare des dirigeants du secteur.

Illustration - euphorie boursière

Cette liesse commence évidemment en France avec la hausse des actions de Thales et les perspectives grandioses de Dassault. Elle continue en Italie avec Leonardo. Elle est aussi illustrée par le PDG du groupe Rheinmetall, Armin Papperger, dont la joie à peine contenue est relayée dans les colonnes des Échos : « Une ère de réarmement a commencé en Europe. […] Elle nous apporte des perspectives de croissance, comme nous n’en avons encore jamais connu. »

L’horizon est en effet dégagé pour le fabricant allemand d’obus, de véhicules blindés et du char d’assaut Panther. Il ambitionne désormais de développer la production de systèmes électroniques en concurrence avec le groupe français Thales. Son carnet de commandes monte en flèche – + 44 % en un an – et le groupe, déjà très présent en Europe centrale, annonce la construction d’usines en Roumanie, en Hongrie, en Lituanie, en Pologne, au Danemark et en Estonie. Aux États-Unis, Rheinmetall a racheté un fabricant américain de chenilles et de blindage et espère profiter des commandes de l’armée américaine. En Allemagne même, Rheinmetall veut convertir deux usines de sa branche automobile à la production d’armement et ouvrir une usine de munitions.

Cette activité fiévreuse s’accompagne d’une envolée à la Bourse de Francfort où le cours de l’action Rheinmetall a doublé depuis janvier et ne cesse de grimper. Les commentateurs évoquent un nouvel Nvidia, une envolée boursière extravagante, mais cette fois dans le secteur de l’armement. Ainsi, la presse économique annonce une possible entrée à la Bourse du groupe KNDS, né en 2015 de l’entente entre les industriels allemands Krauss-Maffei Wegmann et le groupe français Nexter, concurrents en Europe de Rheinmetall avec le char « français » Leclerc et le char « allemand » Leopard. Ce groupe dont le siège social est aux Pays-Bas, produit aussi le canon Caesar.

On croit se préparer à la guerre pour défendre la patrie, et on enrichit déjà les marchands de canons et les spéculateurs qui, bien plus que des prétendus intérêts nationaux, se soucient de faire prospérer leurs affaires.

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