Amiante dans les écoles : un danger sous-estimé26/11/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/11/P6-1_Rassemblement_devant_le_tribunal_le_19_novembre_2025_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C131%2C800%2C581_crop_detail.jpg

Leur société

Amiante dans les écoles : un danger sous-estimé

Le 19 novembre, une plainte collective contre X pour « mise en danger délibérée de la vie d’autrui » a été déposée devant le Pôle Santé publique du tribunal judiciaire de Marseille.

Illustration - un danger sous-estimé

Cette plainte veut alerter sur les risques encourus par le personnel et sur le manque d’information. Elle est portée par sept syndicats d’enseignants et d’agents territoriaux CGT, SUD, FSU et FO, des associations comme la FCPE (Fédération de parents d’élèves), Avalé13 (Association des victimes de l’amiante dans les locaux de l’éducation) et Andeva, ainsi qu’une cinquantaine de professeurs, agents ou parents de douze écoles, collèges et lycées des Bouches-du- Rhône,

Interdit depuis 1997, l’amiante est encore largement présent dans les établissements scolaires bâtis avant cette date. On en retrouve dans les cloisons, les plafonds, dans les dalles de sol vinyle-amiante et la colle de ces dalles. Des fibres d’amiante peuvent être libérées en perçant ou simplement en frottant ces matériaux. Le vieillissement du bâti scolaire y expose de plus en plus les enfants comme les adultes. Les matériaux amiantés ont près de 30 ans, et il est inimaginable qu’ils ne soient pas dégradés, usés, libérant autant de fibres polluantes.

L’amiante est classé substance cancérigène sans seuil, c’est-à-dire qu’une seule fibre est suffisante pour provoquer une maladie grave telle que le cancer de la plèvre ou broncho-pulmonaire, des ovaires, du larynx. Chaque année, il fait des milliers de morts parmi les travailleurs et les retraités de l’industrie ou du bâtiment. Les maladies se déclarent toujours des décennies après la contamination. L’exposition passive dans les locaux contenant de l’amiante reste largement sous-estimée, alors que des enfants peuvent la subir de la maternelle au lycée, et le personnel de l’éducation pendant toute sa carrière.

Des enseignants et des agents meurent chaque année de l’amiante. Faire reconnaître leur cancer comme maladie professionnelle est un long combat. Une enseignante marseillaise a vu son cancer ainsi reconnu deux semaines seulement avant sa mort en avril 2024. La responsabilité de l’État comme employeur, ou des collectivités territoriales qui ont la charge des bâtiments, est criante malgré le déni général.

Avec cette plainte, les personnels et les parents d’élèves, mis délibérément en danger, exigent l’accès au DTA (Dossier technique amiante) de tous les locaux scolaires, la réalisation en urgence des travaux de désamiantage qui s’imposent, le suivi médical des personnes exposées. Jusque-là, seule leur mobilisation a permis d’obtenir des actes.

Au rassemblement organisé devant le tribunal, on pouvait lire sur les pancartes : « À l’école, on prépare son avenir, pas un cancer », ou encore « Amiante à l’école, tous concernés, sauf nos élus ». Après les industriels, les pouvoirs publics montrent que pour eux la santé publique reste quantité négligeable.

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