En quelques jours, on a vu pas moins de quatre ministres sortir de leur léthargie : Laurent Nuñez, ministre de l’Intérieur, s’est déclaré prêt à faire bloquer le site pour faire cesser les menaces à « l’ordre public ». Le ministre du Commerce extérieur, illustre inconnu jusque- là, a protesté auprès des autorités chinoises, alors que le siège de Shein est situé à Singapour.

Quant à Amélie de Montchalin, la ministre des Comptes publics, elle s’est illustrée, avec son homologue chargé des PME, par une descente à l’aéroport de Roissy, où transite l’essentiel des colis. Ils se sont mis en scène aux côtés d’agents de la répression des fraudes convoqués pour l’occasion.

Après avoir menacé de suspendre la plateforme, ce qui aurait été bien difficile en réalité, le gouvernement s’est satisfait du retrait annoncé, et certifié par huissier, des produits interdits. Il a émis un communiqué saluant « une victoire fondamentale pour la protection des consommateurs et de l’ordre public » moyennant quoi, pour lui, tout serait à peu près rentré dans l’ordre.

Le PDG de Shein, Donald Tang, ex-banquier d’affaires en Californie, est sans doute prêt à faire de l’argent avec n’importe quoi. En cela, il ne se distingue pas de bien d’autres firmes capitalistes, choyées par tous les gouvernements de la planète. Shein avait d’ailleurs recruté pour six mois un certain Christophe Castaner, ex-ministre de l’Intérieur de 2018 à 2020, afin de l’aider à échapper à une loi risquant de taxer ses activités, déposée il y a près de deux ans et toujours pas entrée en vigueur.

« Christophe Castaner est libre », avait alors déclaré Macron pour la défense de son ami, « libre de se remplir les poches », aurait-il pu ajouter. Shein, Amazon, Leboncoin et autres plateformes le sont plus encore.