Accord franco-algérien de 1968 : la droite à l’unisson du RN05/11/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/11/une_2988-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Accord franco-algérien de 1968 : la droite à l’unisson du RN

Le 30 octobre, le RN s’est glorifié d’être arrivé, pour la première fois, à faire voter une de ses propositions à l’Assemblée nationale, avec 185 voix pour et 184 voix contre. Il s’agit d’une résolution visant à dénoncer l’accord de 1968 entre la France et l’Algérie, qui encadre le statut des Algériens en France.

Depuis plusieurs mois, cet accord tient une place particulière dans la démagogie anti-immigrés agitée par la droite et l’extrême droite, qui l’accusent de favoriser les ressortissants algériens. En réalité, à l’époque où cet accord a été conclu, il visait bien à offrir des facilités… mais au patronat français qui avait un besoin urgent de main-d’œuvre dans les usines et les chantiers. Et l’accord représentait en fait une restriction à la libre circulation des Algériens sur le territoire français, par rapport à ce qui avait été décidé à la fin à la guerre d’Algérie en 1962. Depuis, leurs droits ont été encore réduits à plusieurs reprises.

Le texte adopté par les députés n’a aucun effet car le gouvernement n’est pas obligé d’en tenir compte. Mais il permet à un certain nombre de politiciens d’alimenter le discours anti-Algériens. Réagissant à ce vote, le ministre algérien des Affaires étrangères a déclaré qu’il s’agissait pour le moment d’une affaire « franco-française », ajoutant : « La course à l’échalote se poursuit. » En effet, la campagne contre les accords de 1968 avait été lancée au printemps par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Retailleau. Celui-ci était loin d’être isolé ; le chef de file des macronistes à l’Assemblée, Attal, avait également appelé à le dénoncer.

Il n’est pas surprenant que le RN s’impose en tête dans cette surenchère contre l’Algérie. L’ancien Front national est en effet notoirement connu pour avoir regroupé, dès sa fondation en 1972, d’anciens tortionnaires de la guerre d’Algérie et d’anciens membres de l’Organisation de l’armée secrète (OAS), qui combattait l’indépendance de l’Algérie par la terreur armée.

Cette péripétie parlementaire illustre comment la démagogie anti- immigrés, développée par la droite mais aussi par une partie de la gauche quand elle était au pouvoir, finit par faire le jeu de l’extrême droite, dont c’est le fonds de commerce traditionnel.

Avec le soutien d’une partie de la droite, le RN a obtenu une victoire politique symbolique qui alimente encore les préjugés xénophobes.

Pour ne pas se laisser affaiblir et garder leurs capacités à se défendre contre les attaques qui les menacent, les travailleurs doivent s’opposer à ce poison de la division.

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