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Leur société
Fast fashion : l’hypocrisie toute nue
Au nom de la défense de l’environnement, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, a fait voter le 14 mars une loi s’attaquant aux entreprises qui comme Shein ou Temu vendent en ligne du textile à petit prix.
Votée à l’unanimité, la loi vise la « fast fashion », la mode jetable capable de mettre en vente en ligne des milliers de nouveaux modèles chaque jour à des prix de quelques euros. Elle instaure l’interdiction de publicité ainsi qu’un malus pouvant aller jusqu’à 10 euros pour toute pièce achetée sur les sites des marques produisant au-delà d’un certain nombre de modèles par jour, nombre qui sera fixé par décret. Mais la loi vise les marques chinoises, une mesure prise en réalité pour faire le bonheur de la concurrence européenne, H&M, Kiabi, C&A ou encore Decathlon. Cet argument protectionniste a fait que les députés LFI ont voté pour, Ruffin en demandant plus encore, même si cette loi est aussi une mesure contre les plus pauvres. Elle va en effet contraindre les consommateurs à payer bien au-delà des petits prix – 8 euros en moyenne par produit chez Shein – qui font le succès de ces sites. Sur ce terrain, Béchu est concurrencé par toute une série d’écologistes qui trouvent visiblement que les pauvres ne payent pas assez cher, réclamant que la fast fashion soit taxée à 100 % jusqu’à hauteur de 20 euros.
Bien sûr, la mode dite jetable a des conséquences sociales et environnementales désastreuses. Mais, au-delà des marchés de niche réservés aux plus riches, c’est toute l’industrie textile qui a les mêmes pratiques, poussée par la concurrence et la recherche du profit des actionnaires. On se souvient ainsi qu’au Bangladesh, dans l’immeuble Rana Plaza qui s’est effondré en 2013 en faisant 1 127 morts, les ouvriers et les ouvrières produisaient indifféremment pour des marques réputées comme Camaïeu, H&M, Mango ou Benetton, celles de la grande distribution, Carrefour, Auchan, et celles de la fast fashion comme Primark...
En réalité, produire en masse et pas cher, en sur- exploitant les travailleurs et en ravageant la nature, est dans l’essence même du capitalisme. Et ce n’est pas Béchu ni Ruffin qui y changeront quoi que ce soit.