Commerce : les capitalistes licencient les caisses pleines20/03/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/03/2903.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Commerce : les capitalistes licencient les caisses pleines

Le dépeçage des magasins Casino par Intermarché, Auchan et Carrefour va bon train. Chacun prend ce qui l’intéresse et rejette les magasins qu’il considère comme inexploitables à ses conditions.

C’est ainsi que les salariés de 26 magasins, huit entrepôts et toute une partie de ceux du siège social de Casino à Saint-Étienne, soit au total plus de 4 000 travailleurs restent dans l’incertitude.

Les mouvements de re- structuration s’étendent. Après Camaïeu, Gap, Habitat, La Halle et bien d’autres, c’est la même semaine IDKids qui annonce la suppression de 311 emplois, Maisons du Monde qui veut fermer 50 magasins, et si chez Chaussexpo, 71 magasins sont repris par Chausséa, 102 sont fermés avec plusieurs centaines de licenciements à la clé.

Les capitalistes sèment ainsi la misère pour protéger leurs capitaux. Entre 2020 et 2023, pas moins de 88 enseignes ont fait l’objet d’une procédure judiciaire. Elles sont 36 à avoir été liquidées, directement comme Camaïeu et ses 500 magasins avec 2 100 salariés licenciés en septembre 2022, ou bien après une ou plusieurs phases de redressement judiciaire comme Habitat ou Chaussexpo.

Le redressement judiciaire est un sursis accordé au propriétaire de l’enseigne. Pour se rétablir, il commence par licencier une partie des travailleurs qui ont fait ses profits. Ainsi la liquidation judiciaire de Chaussexpo a été précédée par la fermeture de 29 boutiques en 2017, puis de 35 en 2018 avec 224 emplois supprimés. Le même scénario s’est déroulé chez Habitat, Orcanta, Burton of London et Toupargel, le distributeur de produits alimentaires à domicile liquidé en janvier 2023, en licenciant 1 900 salariés.

Pour restructurer et licencier, les capitalistes disposent également d’autres procédures comme la vente à un repreneur ou la mise en place d’un plan de licenciements, hypocritement nommé PSE, plan de sauvegarde de l’emploi. Ainsi la famille Mulliez, propriétaire d’Auchan et d’une galaxie d’autres enseignes, a vendu Pimkie à trois sociétés qui ont fermé 23 magasins en 2023 et annoncé la fermeture de 74 autres en 2024, supprimant 197 emplois en boutiques et 42 au siège social. Chez IKKS, enseigne de vêtements, les actionnaires ont engagé un PSE qui prévoit la fermeture de 77 magasins et la suppression de 202 emplois.

Chaque fois, les licencieurs invoquent la crise, la concurrence de la vente en ligne, du marché de seconde main, la baisse des achats en magasin. Mais chaque fois les propriétaires, loin d’être ruinés, savent placer leurs capitaux dans d’autres secteurs et faire prospérer leur fortune. Il y a donc bien un réservoir d’argent qui permettrait de maintenir les emplois et les salaires de tous les travailleurs concernés.

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