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- Lutte ouvrière n°2903
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Leur société
Bouclier tarifaire : au bonheur des trusts de l’énergie
La Cour des comptes vient de publier un rapport indiquant que les mesures constituant le bouclier tarifaire ont coûté 36 milliards de financement net à l’État de 2021 à 2024.
Ce dispositif était censé protéger les consommateurs des effets de la hausse mondiale des prix de l’énergie. Le rapport montre bien qu’il a surtout permis aux trusts de l’énergie, aux producteurs, aux fournisseurs et aux intermédiaires de se répartir 30 milliards d’euros de bénéfices.
Depuis 2021, les trusts de l’énergie ont raflé la mise, avec l’explosion de la spéculation sur le prix de l’électricité et du gaz. Entamée avant même la guerre en Ukraine, la hausse des prix sur les marchés de gros européens avait déjà atteint +460 % en 2021. Le prix du gaz a ensuite été multiplié par sept. Celui de l’électricité l’a été par dix, sans que les coûts de production aient particulièrement augmenté. De toute façon, pour une très large part, les fournisseurs livrant de l’électricité aux clients français, particuliers ou entreprises, ont bénéficié depuis 2011 de « l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (ARENH) », sous forme de volumes d’électricité cédés par EDF à un prix de 42 euros/MWh, indépendant des prix de marché.
Cela n’a pas empêché les mêmes fournisseurs, durant toute la période 2021-2023, d’augmenter les factures d’électricité ou de gaz. Le prétendu bouclier tarifaire, mis en place par le gouvernement depuis 2021, chargeait les fournisseurs eux-mêmes de mettre en œuvre le dispositif. Il a surtout servi de bouclier aux surprofits des trusts. La Cour des comptes relève avec euphémisme qu’avec ce système « la complète répercussion des soutiens publics, d’abord versés aux fournisseurs et distributeurs, n’est pas garantie pour les clients finaux ». C’est le moins qu’on puisse dire, puisque le même rapport estime que, concernant l’électricité, « la somme des factures acquittées par les consommateurs et des prises en charge publiques de prix de détail excéderait globalement de près de 37 milliards d’euros la somme des coûts de production nationaux, des coûts commerciaux et des importations nettes sur 2022-2023 ».
Le rapport parle d’effet d’aubaine. Il s’agit d’un vol gigantesque opéré dans les poches des travailleurs, à la fois comme consommateurs et comme contribuables, avec la complicité totale de l’appareil d’État.