Russie : une réélection programmée13/03/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/03/2902.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Russie : une réélection programmée

La réélection de Poutine à la présidence de la Russie doit être annoncée dimanche 17 mars. Pour les électeurs, les opérations de vote se sont étalées sur trois jours. Mais elles avaient commencé bien avant pour les autorités, qui avaient tout fait pour que ce scrutin puisse être présenté, comme les précédents et sans surprise, comme un triomphe du président-candidat.

La Commission centrale électorale a d’abord écarté les postulants à la candidature qui auraient pu un peu gêner le régime. L’un d’eux avait récolté plus que les 300 000 soutiens d’électeurs exigés pour se présenter. La Commission n’a eu qu’à invalider assez de signatures pour déclarer ce seuil non atteint.

Finalement, elle a toléré trois candidats autres que Poutine. Aucun ne se prononçait contre la guerre, ni ne critiquait tant soit peu la politique sociale et économique du Kremlin. Kharitonov, présenté par le KPRF (Parti communiste de la Fédération de Russie), n’a même pas fait semblant : son parti soutenant Poutine tout au long de l’année, il était là pour capter les voix de milieux populaires attachés au PC ou qui ne veulent pas voter directement Poutine.

Comme d’habitude, cela a été une non-campagne électorale. Poutine a refusé de participer à tout débat télévisé. Certes, il n’avait rien à craindre des trois candidats fantoches, mais il affirmait de cette façon qu’eux et lui ne concourraient pas dans la même catégorie. En outre, il n’avait nul besoin d’apparaître dans de telles émissions : c’est chaque jour que toutes les chaînes de télévision le mettent en scène, faisant sa promotion.

Juste avant le scrutin, le Kremlin avait annoncé préparer une hausse des impôts des entreprises. C’est une vieille ficelle du démagogue Poutine : se donner le rôle du bon tsar qui, sachant quels sacrifices son bon peuple consent déjà, veut rétablir la balance en s’en prenant aux puissants. En effet, l’inflation et les pénuries liées à la guerre en Ukraine frappent le niveau de vie des classes laborieuses, alors que beaucoup d’oligarques se sont enrichis avec cette guerre. Et, a dit un jour Poutine, ils osent pourtant s’en plaindre, car celle-ci ne leur permet plus de profiter de leurs yachts sur la Côte d’Azur, de leurs splendides résidences à Londres, Courchevel ou Miami ! Depuis, beaucoup en Russie ont appris que de nombreux nantis et super-riches ont pris le large pour s’installer dans de magnifiques villas à ­Dubaï ou autres lieux qui n’appliquent pas les sanctions occidentales.

Le temps de l’élection, Poutine a voulu ainsi se donner des airs populaires, « antiriches ». Ensuite, comme le budget de l’État aura besoin d’argent pour faire face à des dépenses militaires qui explosent et aux conséquences économiques de la guerre, on peut parier que le nouvel et ancien élu saura trouver comment ne pas faire de mal aux entreprises et à leurs propriétaires en présentant l’addition aux seules classes populaires.

En attendant, le VTsIOM (le très officiel service sociologique de la Fédération de Russie) a publié, début mars, les résultats d’un sondage qui établit la cote de Poutine à 82 %, celle des figurants entre 5 et 6 %, et la participation électorale à 71 %. Ces chiffres pourraient être proches de ce que la Commission électorale annoncera le 17 mars, car le Kremlin a l’habitude de fixer, avant le vote, des « objectifs » chiffrés aux régions, aux villes...

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