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Leur société
Les députés et la guerre : une sinistre comédie
Mardi 12 mars, les députés se sont prononcés par 372 voix pour, 99 contre et 101 abstentions, sur l’accord déjà signé entre la France et l’Ukraine, comportant la garantie d’une aide militaire et la perspective d’une adhésion de ce pays à l’Union européenne. La grandiloquence des discours ne peut cacher qu’il s’agissait d’une simple parade politicienne.
Sur la forme, la politique de Macron vis-à-vis de l’Ukraine n’a pas été soumise au débat parlementaire, le vote du 12 mars n’étant pas contraignant. Et sur le fond, tous les partis siégeant au Parlement, du PCF au RN, se disent pour le soutien militaire à l’Ukraine, c’est-à-dire solidaires de la politique des dirigeants impérialistes et de leur chef de file américain. Le régime de Poutine est une dictature odieuse, subie par le peuple russe, et sa politique guerrière est criminelle. Celle d’un Zelensky ne l’est pas moins. Mais tous les discours sur les horreurs de la guerre ne peuvent masquer les intérêts matériels en jeu : d’une part le constant grignotage des positions russes par l’impérialisme américain, d’autre part la transformation rapide de l’Ukraine en pays colonisé par les grandes firmes occidentales. Sur cette question, celle de la domination du monde par l’impérialisme, avec sa composante française, l’unanimité règne au Parlement et s’exprime, aujourd’hui, par le soutien à l’Ukraine.
Il reste donc les enjeux de politique intérieure, c’est-à-dire la préparation de l’élection européenne du 9 juin. Macron et Attal ont organisé l’opération pour contraindre les oppositions à voter pour leur politique ou à passer pour des soutiens de Poutine. La droite LR, le PS et les écologistes ont, en plus des macronistes de toute nuance, voté pour l’accord, chacun embouchant la trompette guerrière. C’est également sur cette base qu’ils iront à l’élection du 9 juin et sur cette base que Macron espère rallier leurs électeurs.
LFI et le PCF ont voté contre, le RN s’est abstenu, tout en affirmant leur solidarité de fond avec la politique des puissances occidentales. Car eux aussi préparent le prochain scrutin et pour cela composent avec les sentiments anti-Macron de l’électorat populaire, puissants et justifiés, comme avec la crainte tout aussi justifiée de la montée vers la guerre. Tous les trois en ont en outre profité, comme d’ailleurs LR, pour répandre un peu de poison nationaliste en rejetant par avance toute adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, au prétexte qu’elle nuirait aux intérêts des travailleurs et des agriculteurs français. C’est prétendre lutter pour la paix entre les peuples tout en conservant voire en élevant les barrières qui les séparent et en entretenant des armées pour les assassiner !
La comédie parlementaire, lorsque aucune voix révolutionnaire ne vient la troubler, est d’autant plus répugnante que le fond de scène est fait de villes rasées, de maisons bombardées, de familles fuyant la terreur et de dizaines de milliers de cadavres.