Affections longue durée : des économies les yeux fermés13/03/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/03/2902.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Affections longue durée : des économies les yeux fermés

Le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, a déclaré vouloir « réfléchir à la pertinence » du dispositif qui prend en charge les affections de longue durée (ALD).

La liste des ALD exonérantes, dont les soins sont remboursés à 100 % par la Sécurité sociale, comprend trente maladies chroniques. Pour autant, même pour ces malades, une part des dépenses reste à charge, comme le forfait hospitalier ou les dépassements d’honoraires des médecins. Le 6 mars, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire s’attaquait à ces malades en faisant allusion dans le journal Le Monde à une « dérive des dépenses liées aux ALD ».

Lorsque le ministre de la Santé a été interrogé samedi 9 mars sur France Info par une journaliste, qui lui demandait un exemple d’affection qui ne serait plus pertinente dans la liste, il a dit qu’il n’en avait pas et ne connaissait même pas la liste, mais que « l’administration fait son travail ». Il prouvait ainsi que cette attaque ne vise qu’à faire des économies sur le dos des malades et non à répondre à de prétendues dérives.

En effet, le gouvernement cherche 10 milliards à retirer à des budgets publics pour 2024, et 20 milliards pour 2025. On peut être sûr que ce ne sera ni sur l’armement, dont le budget augmente au contraire, ni sur les aides aux grandes entreprises, auxquelles le Medef a rappelé récemment qu’il était hors de question de toucher. Les « réflexions » et autres « interrogations » sur la liste des ALD ont pour but de faire avaler à l’opinion un nouveau grignotage des remboursements médicaux. Les ALD représentent 60 % des ­dépenses de l’Assurance maladie, et concernent 13 millions de personnes. Retirer des maladies de cette liste pourrait avoir des conséquences dramatiques, en mettant fin au remboursement complet de médicaments parfois très chers, qui deviendraient alors inaccessibles à bien des malades. En 2011, l’hypertension artérielle sévère avait ainsi été retirée de la liste.

Le gouvernement a tenté à plusieurs reprises de remettre en cause le remboursement des ALD, mais marche sur des œufs vu le nombre de personnes concernées. Ce qui compte le plus pour le ministre n’est pas la santé mais les économies qu’il peut y faire, sans même se soucier des vies humaines qui seraient ainsi affectées.

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