En réalité, des grossièretés de ce genre, Cnews en déverse en continu. Et qui l’en empêcherait, l’État ? Le gendarme de l’audiovisuel, l’Arcom, l’ex-CSA, n’a aucune autorité sur les chaînes et, s’il en avait une, rien ne dit qu’il l’utiliserait contre ce genre de propos. Cette chaîne est la propriété du milliardaire Bolloré, et ce simple fait lui permet de dire et faire dire ce qu’il veut, comme il veut. Et ses moyens sont considérables : aux différentes chaînes de télévision du groupe Canal + dont Cnews fait partie, il faut ajouter la radio ­Europe 1 et plusieurs magazines, comme le Journal du Dimanche ou Paris Match.

La neutralité des médias est une fable. Les autres chaînes privées sont aussi propriété de milliardaires, comme Bouygues ou ­Drahi, et les chaînes publiques déversent aussi leur propre propagande. Il suffit de voir comment toutes parlent presque d’une même voix quand il s’agit de dénoncer les grèves ouvrières, comme récemment la grève à la SNCF. Il est vrai que les propos défendus sur Cnews sont particulièrement abjects et montrent combien ces médias peuvent empoisonner l’air ambiant. Mais on imagine surtout qu’ils pourraient le faire demain d’une façon bien plus agressive encore. Les exemples historiques ne manquent pas.

Si le gouvernement français se lance dans des opérations guerrières, qu’il exacerbe le nationalisme et la haine du camp d’en face, on verra ces médias relayer sa propagande chauvine, voire l’amplifier. Aujourd’hui, Cnews est incontestablement sur le podium des chaînes où tout est permis en matière de préjugés crasseux, mais rien n’empêchera d’autres de la doubler.

Les médias ­audiovisuels et une grande partie de la presse font partie des moyens considérables dont la bourgeoisie dispose pour faire passer sa propagande et mettre en condition l’opinion. Alors, Cnews peut se faire taper sur les doigts, mais l’État n’est pas près d’ôter au milliardaire Bolloré le contrôle d’une partie de l’information.