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Moyen-Orient : les États-Unis prêts pour l’escalade
Le 2 février, l’aviation américaine a bombardé 85 cibles en Irak et en Syrie, tuant au moins 34 personnes. En revendiquant ces attaques, Joe Biden affirmait sans rire : « Les États-Unis ne veulent de conflit ni au Moyen-Orient ni ailleurs dans le monde ! »
Ces bombardements se veulent une riposte à la mort de trois soldats américains, tués fin janvier sur une base militaire américaine en Jordanie par des drones lancés par des milices armées par l’Iran. Depuis le début du déchaînement destructeur et meurtrier d’Israël contre Gaza après l’attaque du Hamas, ces milices basées en Irak ou en Syrie ont lancé des drones et des roquettes contre diverses installations américaines dans la région.
Il faut l’arrogance sans limite des dirigeants américains, Joe Biden en tête, pour se poser en victimes qui souhaitent « maintenir la paix » et « éviter toute escalade » au Moyen-Orient. Depuis des décennies, l’administration américaine entretient un état de guerre permanent, avec entre autres l’embargo et le blocus contre la République islamique d’Iran dès 1979, la destruction puis l’invasion de l’Irak en 1991 puis en 2003, le soutien à diverses milices islamiques en Syrie en 2011, puis la guerre contre Daesh en 2014, et le soutien à toutes les guerres d’Israël contre les Palestiniens ou contre le Liban voisin.
Ces bombardements, occupations, renversements de régimes ont détruit des pays entiers, fait mourir des milliers de femmes et d’hommes et en ont jeté bien davantage sur les routes de l’exil. Cette politique criminelle permanente ne peut que susciter une haine profonde contre les États-Unis dans tout le Moyen-Orient. Elle ne peut que fournir de nouvelles recrues aux milices qui prétendent les combattre, qu’elles soient ou non financées par l’Iran. Le soutien inconditionnel apporté par les dirigeants américains à l’armée israélienne, qui a tué près de 30 000 Palestiniens depuis le 7 octobre, renforce encore cette rage.
Certes, ni les dirigeants américains, ni les dirigeants iraniens, ni ceux des autres puissances en rivalité dans la région, Arabie saoudite, Qatar, Égypte ou Turquie, ne souhaitent une confrontation militaire générale au Moyen-Orient. Tous l’affirment, tous calibrent leurs discours et tous semblent maîtriser les agissements des milices qu’ils soutiennent pour ne pas franchir la ligne rouge. Mais les États-Unis ont semé tellement de bombes à retardement, acculé tellement de peuples dans des impasses, qu’une escalade échappant à tout contrôle peut se déclencher.
Cela peut être la conséquence d’un tir houthiste mal maîtrisé en mer Rouge, qui provoquerait un naufrage spectaculaire et serait suivi d’une riposte américaine ou britannique massive. Cela peut résulter d’une extension de la guerre entre l’armée israélienne et les milices du Hezbollah au Sud-Liban. Une fraction des officiers israéliens s’affirment « prêts à attaquer » pour établir une zone démilitarisée à la frontière tandis que les sionistes les plus ultras, comme le lobby 1 701 qui regroupe des déplacés israéliens près de la frontière du Liban, réclament l’ouverture de ce front nord.
Les dirigeants américains, qui « ne veulent pas de conflit », ont démontré depuis quatre mois aux généraux israéliens qu’ils étaient prêts à les armer et réarmer, et à les soutenir dans un conflit aussi loin qu’ils le voudront.