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Dans les entreprises
Arquus : fusions chez les marchands de canons
Le groupe belge John Cockerill a annoncé un accord avec Renault Trucks (groupe Volvo) pour le rachat d’Arquus, la filiale défense du constructeur de camions franco-suédois.
Arquus compte près de 1 200 travailleurs, à Limoges, Versailles, Saint-Nazaire, Garchizy (Nièvre) et Marolles (Oise). Elle produit des véhicules blindés, notamment ceux sur lesquels sont montés certains canons Caesar, livrés en Ukraine et qui font régulièrement pousser des cocoricos au ministre de la Défense et aux militaires français. Arquus assure aussi la production des nouveaux blindés légers Jaguar et Griffon ainsi que l’entretien des milliers de blindés et camions de l’armée française. Outre les engins militaires, les véhicules policiers Sherpa fabriqués par Arquus se sont illustrés dans la répression de manifestations, en Égypte, au Chili, au Liban ou récemment au Sénégal.
Créé en 1817, Cockerill a un long passé de marchands de canons, associé à cette époque à la Fonderie Royale de Canons de Belgique. De son côté Berliet, l’ancêtre de Renault Trucks, s’est aussi développée et enrichie en fournissant des camions militaires à l’armée française durant la Première Guerre mondiale puis à l’armée allemande pendant la Deuxième. Aujourd’hui, avec les guerres en cours et la montée des tensions partout sur la planète, les affaires vont bon train pour le matériel militaire. D’autres constructeurs ont émergé, en Turquie, Corée du Sud ou Israël à tel point que le PDG d’Arquus a déclaré que « la position de la France est challengée et contestée ».
Pour se renforcer face à leurs concurrents, les capitalistes du secteur mènent des opérations de fusions-acquisitions. Arquus est elle-même issue de la fusion en 2006 entre une filiale de Renault Véhicules Industriels (RVI) et les Ateliers de Constructions Mécaniques de l’Atlantique, puis avec Panhard General Defense en 2012. Le rachat d’Arquus par John Cockerill, pour environ 300 millions d’euros, s’inscrit dans cette concentration des capitaux qui s’accélère.
Les gouvernements belge et français, brouillés en 2018 après que l’État belge avait acheté des F-35 américains plutôt que des Rafale français, se sont réconciliés. En soutenant le rachat d’Arquus par Cockerill, ils annoncent la création d’un « champion du blindé léger ». Le conseil d’administration de Cockerill comporte d’ailleurs deux ex-ministres de la Défense, belge et français. Le carnet d’adresses de tels hauts-fonctionnaires permet aux marchands de canons de garnir leur carnet de commandes. Cockerill produit des tourelles-canons, qui pourront être montées sur les camions blindés d’Arquus.
C’est ce que leurs patrons respectifs appellent une « belle synergie », de celle qui augmente leurs profits mais aussi le nombre de morts sur les champs de bataille ou dans les manifestations.