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Leur société
Sept ans après, le procès pour Théo
Le procès des policiers qui avaient passé à tabac et handicapé de façon irréversible Théodore Luhaka en février 2017, à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, s’est ouvert le 9 janvier. Mais il ne sera visiblement pas celui du rôle de la police.
Ce qu’a raconté Théodore est révélateur de la violence exercée par la police à l’encontre des quartiers populaires, ainsi que du climat de racisme qui y prospère. Le jeune homme avait simplement tenté de s’interposer lors d’un contrôle touchant des jeunes de son quartier. Il a alors subi un déferlement de violences. L’un des trois policiers lui a déchiré l’anus avec une matraque télescopique, lui causant une infirmité permanente. Le jeune homme a expliqué que les violences ont ensuite continué. Dans la voiture de police, avant d’arriver au commissariat, il affirme avoir reçu de nouveaux coups au visage, et que l’un des policiers a cherché à lui attraper les parties génitales. Il assure également s’être fait cracher dessus et traiter de « bamboula » et de « sale nègre ».
La commandante de l’inspection générale de la police nationale, chargée d’enquêter sur les circonstances du coup de matraque, a estimé que celui-ci a été employé dans les règles de l’art. C’est également la ligne de défense des policiers. Et, contrairement à Théodore, qui voulait devenir arrière dans une équipe de football et ne peut plus faire de sport, ses agresseurs sont à nouveau en activité : deux d’entre eux ont, après une période de suspension, repris leur carrière dans la police. Le principal accusé, l’auteur du coup de matraque, travaille désormais au ministère de l’Intérieur. Tout cela en dit long sur la protection dont les agents bénéficient de la part de l’État.
Alors, peut-être ce procès se terminera-t-il par des condamnations, si la justice considère qu’il faut bien maintenir l’illusion d’un État de droit. Mais il faut rappeler que ces condamnations sont très rares. On parlera alors d’erreur individuelle. Cela permettra de masquer le fond du problème, à savoir que la violence de la police est une nécessité pour maintenir un ordre social lui-même de plus en plus violent.