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Leur société
Enfants à la rue : une société inhumaine
En France, près de 3 000 enfants dorment dans la rue chaque nuit, dont 700 de moins de trois ans, selon l’Unicef et les associations qui leur portent secours.
Ce nombre, en augmentation de 41 % en un an, ne reflète que la partie émergée de l’iceberg car il rend compte uniquement des appels au 115 de leurs parents. Il ne tient pas compte de tous ceux qui renoncent à appeler ce numéro d’urgence, sachant qu’ils ont peu de chance d’obtenir un hébergement. Il atteste en tout cas de l’incurie de l’État, contre laquelle réagissent notamment des enseignants et des parents d’élèves. Dans une quinzaine de villes, ceux-là se sont organisés pour interpeller les autorités, voire pour trouver eux-mêmes des hébergements d’urgence pour les enfants et leurs familles. À Toulouse, quand ils ont réquisitionné plusieurs écoles, sans pour autant interrompre l’enseignement, le rectorat a réagi, non pour les aider mais pour convoquer une directrice partie prenante de cette action qui a été déclarée « illégale » par le maire. Heureusement, des hommes et des femmes n’ont pas perdu, eux, leur humanité, et viennent en aide aux enfants qu’ils font leurs, avant de se poser la question de savoir si leur action est légale ou pas.
Les statistiques officielles n’ont pas comptabilisé en France les personnes sans abri depuis 2012 mais suivent, mois par mois, l’évolution des hôtels quatre et cinq étoiles. Il y en avait 2 606 en septembre dernier, contre 1 640 dix ans auparavant. À Paris, où sont concentrés des milliers de personnes sans abri, plus d’un tiers des hôtels sont dans les catégories de luxe et, en incluant la banlieue, une centaine de nouveaux sont annoncés pour les Jeux Olympiques. Et il serait impossible d’y accueillir les quelque 400 enfants qui dorment dans la rue de la capitale, repérés par les personnes qui font les maraudes ?