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Dans le monde
Moyen-Orient : Blinken, pompier pyromane
Pour la quatrième fois depuis le 7 octobre, Anthony Blinken, secrétaire d’État américain, a fait une tournée dans les capitales du Moyen-Orient. En prétendant vouloir éviter une escalade guerrière, le représentant de l’impérialisme dominant agit comme un pompier pyromane.
En déclarant, depuis le Qatar, que « la guerre de Gaza pourrait se métastaser, causant encore plus de souffrances » et qu’il voulait « empêcher le conflit de se propager », Blinken fait preuve d’un cynisme sans borne. Sans le soutien inconditionnel des États-Unis, sans les livraisons permanentes d’armes et de munitions, l’armée israélienne aurait dû stopper depuis des semaines son offensive contre Gaza.
Si les dirigeants américains demandent à Netanyahou et aux généraux israéliens « d’épargner les civils » à Gaza et de « privilégier la diplomatie » avec le Hezbollah libanais pour éviter un nouveau front au nord d’Israël, ils ne font absolument rien pour le leur imposer. En effet, ils ont plus que jamais besoin de leur principal gendarme dans cette région qu’ils ont transformée en poudrière.
Le Moyen-Orient est l’une des parties du monde où les contradictions de la politique des dirigeants impérialistes sont les plus flagrantes et les plus criminelles. D’un côté, ils ont besoin de la paix pour assurer le trafic commercial sur cette artère vitale qu’est la mer Rouge et pour garantir l’accès de leurs compagnies au pétrole et au gaz dont la région regorge. De l’autre côté, pour assurer coûte que coûte leur domination sur le Moyen-Orient, ils n’ont cessé de dresser un peuple contre un autre – à commencer par les Juifs contre les Palestiniens –, de tracer des frontières artificielles, de mettre en place des régimes dévoués, ou au contraire d’abattre ou d’ostraciser les régimes jugés trop peu dociles. Ces grandes manœuvres américaines, succédant à celles des Britanniques et des Français, ont semé partout des bombes à retardement qui menacent aujourd’hui d’exploser toutes ensemble.
Les puissances occidentales ont une responsabilité directe dans les guerres qui ont successivement ravagé, fractionné, appauvri le Liban, l’Irak, la Syrie, le Yémen et dans les tensions sans cesse entretenues avec l’Iran. Elles ont répandu les « métastases » qui inquiètent aujourd’hui Blinken.
Ces métastases sont le résultat du cancer du capitalisme cherchant à dominer par tous les moyens les marchés et les sources de matières premières. Depuis un siècle, les « traitements » successifs infligés aux peuples du Moyen-Orient pour assurer cette domination ont engendré le chaos actuel.
Aujourd’hui Blinken fait mine de chercher une solution politique pour Gaza et la Cisjordanie. Il cherche à négocier avec les dirigeants arabes, avec les organisations palestiniennes, y compris le Hamas ou ses parrains, et il exhorte en public les dirigeants israéliens à accepter une solution à deux États. Mais que peut signifier un État palestinien quand Gaza est un champ de ruines, un mouroir et un cimetière, tandis que la Cisjordanie est plus que jamais colonisée par les Israéliens ?
Quelle que soit la solution qui sortira de ces tractations, menées sous l’égide de l’impérialisme et desquelles la population palestinienne est totalement exclue, elle ne pourra être qu’une nouvelle bombe à retardement.