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Leur société
Alimentation : les privés du contrôle
Depuis le 1er janvier, l’État peut déléguer à des sociétés privées des contrôles de sécurité alimentaire, dans les grandes surfaces et autres commerces ainsi que dans la restauration.
C’est tout ce que le gouvernement a trouvé pour pallier la baisse des effectifs dans les services assurant ce contrôle de l’État, qui ne permettent, par exemple dans la restauration, qu’une visite tous les quinze ans. Dans la région Rhône-Alpes, l’organisme de certification Veritas a été sélectionné pour les inspections, ainsi que pour le contrôle des retraits et des rappels lors d’une alerte sanitaire. Ailleurs, les cabinets d’audit Qualiconsult, Apave ou le laboratoire Eurofins sont sur les rangs. L’association Que Choisir souligne que, du fait des liens économiques de ces entreprises avec le secteur qu’elles sont censées contrôler, les consommateurs seront encore moins protégés.
Jusqu’à ces dernières années, des services des ministères de l’Économie et de l’Agriculture se partageaient les contrôles, ce qui, il est vrai, n’avait pas empêché les scandales des pizzas Buitoni de Nestlé, des chocolats Kinder, des laits infantiles de Lactalis. C’est d’ailleurs au nom d’un nécessaire renforcement de la sécurité alimentaire que des réformes ont été annoncées par le gouvernement.
Désormais, le ministère de l’Agriculture chapeaute seul les contrôles, depuis la production et la transformation des aliments jusqu’au consommateur. Or, le syndicat Solidaires a souligné les liens privilégiés entre ce ministère et les lobbies de l’agroalimentaire, tandis que les structures de contrôle censées constituer des garde-fous face aux industriels fraudeurs ont été supprimées. Et, alors que mille emplois avaient été supprimés en dix ans dans le service de contrôle du ministère de l’Économie et que ces suppressions représentaient 11 % des effectifs dans celui du ministère de l’Agriculture, il n’est prévu que 190 postes de contrôleurs en plus, et leur recrutement tarde à venir. En revanche, 32 millions d’euros destinés à confier une partie des tâches au secteur privé ont été débloqués.
Une telle somme aurait pu permettre d’embaucher directement 500 personnes, font remarquer les syndicats. Mais faire des cadeaux à des officines privées est manifestement plus important que de garantir la sécurité alimentaire.