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Leur société
Pénurie d’antibiotiques : la maladie du profit
L’amoxicilline, l’antibiotique le plus couramment prescrit aux enfants, est en rupture, comme l’hiver dernier. Cela s’est même encore aggravé.
D’après la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, 60 % des pharmacies n’ont pas ou quasiment pas d’amoxicilline disponible. En cause : les choix des « Big Pharma », qui n’ont que faire de fabriquer des médicaments indispensables s’ils ne sont pas assez rentables pour eux.
L’amoxicilline, qui fait partie des pénicillines, est un médicament ancien dont le brevet est tombé depuis longtemps dans le domaine public. Bien que sur la liste des médicaments essentiels de l’Organisation mondiale de la santé, sa production est jugée depuis des années trop peu rentable par les grandes entreprises pharmaceutiques. Elles ont choisi de réorienter leur production vers des traitements anticancéreux, et vendus à prix d’or. L’ANSM (Agence nationale de la sécurité des médicaments) note aussi que les industriels stockent des quantités de cet antibiotique et tentent de profiter de la situation pour accroître leurs profits.
La pénurie a ainsi été rendue mondiale par cette soif de profits, et elle est loin de ne concerner que l’amoxicilline. Le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine a ainsi déclaré le 26 octobre que près de 4 000 médicaments sont déjà en rupture de stock ou en risque de rupture. Non seulement tous les pays européens sont touchés, mais également les États-Unis, le Canada ou l’Australie. Sans parler des pays plus pauvres, où, pour les populations, la question de la santé commence par les graves problèmes de malnutrition.
Face à cette situation, le gouvernement a multiplié les annonces, parlant tour à tour de « plan blanc du médicament », de « New Deal » de la chaîne pharmaceutique, et de plan « Innovation Santé 2030 ». Ce sont des noms divers pour une seule politique : des milliards d’euros de subventions d’État sont versés, sans aucune mesure contraignante pour les laboratoires. Rien de neuf pour ces derniers, dont les profits extravagants sont déjà tirés des caisses publiques. Pourquoi, dans ces conditions, décideraient-ils de produire à nouveau les antibiotiques nécessaires ?
Tous les acteurs, de l’Académie de pharmacie à l’ANSM, en passant par la Fédération hospitalière de France, reconnaissent qu’il manque une volonté de planifier la production en fonction des besoins et pas seulement des profits.
C’est vrai et cette maladie est une épidémie mondiale : elle s’appelle le capitalisme.