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Dans le monde
Cisjordanie : l’armée et les colons contre les Palestiniens
Depuis deux mois, en Cisjordanie, plus de 300 Palestiniens ont été tués par les forces officielles de répression israéliennes et les colons.
« Tous les Palestiniens sont regardés par les Israéliens comme s’ils étaient ceux qui ont perpétré les massacres du Hamas », constate un militant palestinien des droits humains. En effet, pendant que la ministre française des Affaires étrangères déclare que son gouvernement « a décidé de prendre des mesures à titre national contre certains colons israéliens extrémistes », leurs exactions se multiplient. L’écrasement des Gazaouis sous les bombes s’accompagne de raids militaires et d’attaques de milices de colons d’extrême droite armés contre des villages et des camps de réfugiés où vivent une partie des trois millions d’Arabes de Cisjordanie.
En quelques jours, dans la première quinzaine de décembre, l’armée a à nouveau organisé des raids meurtriers dans les camps de réfugiés, où vivent des familles palestiniennes chassées de leurs terres depuis 1948. À Jénine, sous prétexte d’avoir trouvé des tunnels – et alors ? – les soldats ont tué douze jeunes, blindés et bulldozers ont saccagé des maisons, des échoppes, écrasé des voitures. Dans le camp de Tulkarem, cinq Palestiniens ont été tués et quatre autres dans celui de Faraa à Tubas.
Pour faire entendre leur colère et leur désespoir, le 11 décembre, les habitants des villes de Cisjordanie et ceux de Jérusalem-Est étaient appelés par les organisations palestiniennes à une grève générale. Par l’arrêt des activités quotidiennes, ils voulaient marquer leur opposition au soutien des dirigeants des États-Unis à la politique meurtrière de Netanyahou et à l’écrasement programmé de Gaza, réexprimé par leur veto à l’ONU.
La grève s’est traduite un peu partout par des boutiques closes, des rues vides mais, à Ramallah, une manifestation nombreuse, hérissée de drapeaux du Fatah, du FDLP et du Hamas, a fait entendre la colère de Palestiniens de tous âges, dont beaucoup de jeunes, femmes et hommes. Des pancartes en anglais « Stop genocide » exprimaient clairement la condamnation du massacre à Gaza. Au-delà des frontières, au Liban, en Jordanie, la population avait aussi été appelée à cesser toute activité.
En Cisjordanie même, cette journée de grève n’était qu’un moment de plus dans les manifestations de colère. Les rassemblements, spontanés ou non, les réactions collectives contre les exactions de l’armée israélienne et des colons se multiplient. Les manifestations de groupes de jeunes, armés de cailloux, ont aussi servi de prétexte à des réactions meurtrières de l’armée israélienne ou de groupes de colons, quand elles n’avaient pas été auparavant dispersées sans ménagement par la police de l’Autorité palestinienne.
130 000 travailleurs palestiniens ont été réduits au chômage suite à la suppression de leur permis de travail par le gouvernement d’Israël. Contrairement aux Israéliens, ils n’ont droit à aucune allocation chômage, et l’Autorité palestinienne n’en distribue pas non plus. « Nous avons dépensé ce que nous avons gagné », dit un ouvrier du bâtiment renvoyé chez lui. Comme lui, 70 % des travailleurs de sa ville, qui auparavant traversaient chaque jour la frontière après d’éprouvantes attentes aux postes de contrôle, sont sans ressources.
La pauvreté s’installe dans la population travailleuse sur fond d’une guerre de plus en plus ouverte. Le déploiement de plus de 700 000 colons et leur violence encouragée par la politique agressive du gouvernement israélien, a déjà rayé de la carte seize villages palestiniens. Face à un État qui continue à leur nier le droit à une existence nationale, beaucoup craignent de se voir à nouveau chassés, comme lors de la création d’Israël en 1948.