Tisséo – Toulouse : un accident mortel et les économies qui y mènent06/12/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/12/2888.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Tisséo – Toulouse : un accident mortel et les économies qui y mènent

Tisséo, la régie des transports en commun de l’agglomération de Toulouse, emploie 2 600 salariés, dont 1 400 chauffeurs et 250 ouvriers. Lundi 27 novembre, un ouvrier mécanicien est décédé lors d’une opération de remorquage de bus, coincé entre celui-ci et le camion de remorquage.

Ces opérations de mise en place du tractage avec une barre de remorquage sont toujours très dangereuses. Personne n’est volontaire pour les faire, et pour cause. Lorsqu’un bus tombe en panne, un mécano de l’atelier est envoyé sur place avec un bus de substitution. Pour trouver le lieu de la panne il ne peut compter que sur son téléphone personnel avec son GPS non adapté aux gros gabarits. Sur place, s’il ne trouve pas la panne, il fait appel à un autre mécanicien qui vient avec un camion de remorquage. Pour économiser la location ou l’achat d’un engin capable de soulever l’avant du bus, c’est toujours un tel camion qui est envoyé. La préfecture a accordé à Tisséo une dérogation qui lui permet de contourner l’interdiction d’utiliser des barres de remorquage. Mais cela nécessite qu’un ouvrier exécute des manœuvres entre le bus et le camion pour fixer la barre.

Après l’émotion qui a suivi l’accident, les mécaniciens ont demandé des comptes à la direction. Les chefs ont été pris à partie à propos de ces opérations où les mécanos sont envoyés sur place et doivent se débrouiller, sans signalisation, sans talkie pour se coordonner, sans GPS pour revenir au dépôt sur les routes adéquates, sans formation sur la sécurité ni sur le remorquage.

Le parc de bus est en plein renouvellement, les bus diesel étant remplacés par des bus au gaz, électriques ou hybrides. Mais les mécaniciens ne sont pas formés à ces nouvelles technologies qui comportent les circuits haute tension de 640 volts des bus hybrides et électriques, des circuits au gaz, des tuyaux sous haute pression de 220 bars d’huile, de gaz, etc. Insuffisamment formés sur ce qu’ils sont amenés à toucher, manipuler, dévisser, les ouvriers prennent des risques, parfois sans même le savoir.

La direction, sous l’entière tutelle du maire de Toulouse, Moudenc (LR), obsédée par les statistiques et leurs camemberts, gratte mois après mois la moindre économie à faire, réorganise les équipes pour plus de compétitivité . Les départs en retraite ne sont pas toujours remplacés, mais la charge de travail étant constante, il faut être plus polyvalent pour l’accomplir avec de moins en moins d’ouvriers. Chacun doit être mécanicien, électricien, pompiste, dépanneur, magasinier, carrossier…

Si la sécurité n’est manifestement pas la priorité de la direction, par contre elle est particulièrement à l’aise pour sanctionner les ouvriers, pour mettre au tribunal les travailleurs grévistes et leurs syndicats en leur réclamant 40 000 euros de dommages pour les débrayages et grèves du printemps dernier, qui portaient sur des augmentations de salaire.

La colère s’est donc exprimée et les directeurs n’en menaient pas large. Mais le combat n’est pas fini pour imposer que leurs économies ne mettent pas en danger la vie des travailleurs.

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