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- Lutte ouvrière n°2888
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Leur société
“Plein emploi” : le plein de mesures antiouvrières !
« Pourquoi l’exécutif s’attaque encore aux droits des salariés. » Cette constatation ne titre pas un article de Lutte ouvrière, mais du magazine Capital évoquant la réunion, le 4 décembre, d’un certain nombre de ministres autour d’Élisabeth Borne sur le sujet du plein-emploi.
Les chiffres officiels du chômage sont en effet en hausse, et la promesse gouvernementale d’atteindre le « plein-emploi » en 2024, et en tout cas avant la fin du quinquennat de Macron, est bien compromise. Certes, sa définition est souple, puisqu’un taux de 5 % de chômeurs officiellement répertoriés suffirait à y répondre, mais on s’en éloigne. « Plusieurs mesures conduiraient à une baisse des droits des salariés », écrit encore la journaliste de Capital, rien de précis n’ayant filtré de la réunion ministérielle. Mais les pistes n’ont pas manqué d’être évoquées, et chacune, comme de bien entendu, projette de s’en prendre aux travailleurs, qu’ils soient en activité ou chômeurs.
Profitant du moment où son collègue Dussopt est dans une situation délicate, Bruno Le Maire est partout avec un prétendu grand plan seniors, qui serait destiné à maintenir les plus de 55 ans en emploi. Mais il n’est pas question, pas plus que lors de la Conférence sociale d’octobre, de pénaliser les entreprises, ne serait-ce qu’en menaçant de s’en prendre aux exonérations de cotisations patronales. Non, ce sont les chômeurs mis à la porte parce que trop vieux, ou trop payés, que l’on menace de perdre leur droit actuel à obtenir jusqu’à 27 mois d’indemnités, au nom de l’équité avec les chômeurs plus jeunes ! Leur chance de retrouver un emploi dans des conditions correctes de travail et de salaire est pourtant, comme chacun le sait, minime.
Un autre dada du ministre de l’Économie est de s’en prendre aux ruptures conventionnelles qui, d’après lui, favoriseraient la « bougeotte » des salariés puisqu’elles leur donnent droit à l’assurance chômage. Quelle audace de quitter un emploi mal payé ou trop dur pour en trouver un autre qu’on espère meilleur et, en plus, de prétendre toucher entre-temps des indemnités chômage !
Enfin, et là il est difficile d’inventer un prétexte compassionnel, Le Maire envisage de réduire le délai de recours contre son employeur, auprès des Prud’hommes, en cas de licenciement abusif. Passer d’un an actuellement à deux mois, avec toutes les difficultés inhérentes à la démarche, rendrait dans la pratique celle-ci impossible. Voilà qui n’incitera pas les patrons à réfléchir avant de mettre le travailleur à la rue…
Pour imposer le plein-emploi, même au sens macronien du terme, mieux vaudra pour les travailleurs compter sur leur propre action !