Hôpital de Quimper : les Urgences à bout de souffle06/12/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/12/2888.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpital de Quimper : les Urgences à bout de souffle

Depuis plusieurs semaines, le personnel des urgences du Centre hospitalier de Quimper se mobilise pour dénoncer la situation catastrophique de son service.

Alors que sa capacité d’accueil est de 22 personnes, plus d’une cinquantaine de patients y passent souvent la nuit dans des conditions indignes. Plus de la moitié d’entre eux nécessitent une hospitalisation dans un service adapté à leur pathologie. Mais en raison de la fermeture de nombreux lits d’hospitalisation dans les services, en soins de suite et réadaptation (SSR) ou en Ehpad, ils sont contraints de stationner parfois jusqu’à quatre jours aux urgences.

Seuls ceux ayant besoin d’oxygène ou d’isolement pour raison infectieuse ou troubles psychiques disposent d’un box. Les autres se retrouvent dans les couloirs, des réserves, des bureaux, des salles d’attente. Il est impossible de dormir dans les couloirs, des toilettes peuvent y être effectuées au mépris de la dignité des personnes. Dans des salles emplies de brancards, des examens ont dû être réalisés de nuit, à la lumière d’un téléphone portable pour ne pas réveiller les autres occupants.

Le risque d’erreur augmente avec la dégradation des conditions de travail. La charge de travail, la pression psychique de tout le personnel devient insupportable et les départs s’accumulent. Les arrêts de travail se multiplient. Les soignants sont rappelés sur leur repos pour remplacer des collègues en arrêt. Le travail en sous-effectif est la norme. Chaque jour, il manque un à deux médecins SMUR, ce qui rallonge les délais d’intervention. Il manque aussi en permanence un à deux médecins et autant de soignants aux Urgences de Quimper.

Cette situation est aussi la conséquence et le révélateur de la dégradation générale du système de santé. En amont, les médecins généralistes et les professionnels de santé ne sont plus assez nombreux sur le territoire et les patients n’ont souvent d’autre alternative que d’aller aux urgences pour bénéficier d’une consultation médicale. Et en aval, les services d’hospitalisation et d’accueil sont saturés en raison de la pénurie de lits et de personnel. Cela oblige les Urgences à dispenser des soins aux personnes en attente d’une admission. Les responsables du gouvernement et l’Agence régionale de Santé ne peuvent mettre en avant une situation exceptionnelle et passagère comme lors de l’épidémie de Covid. C’est au contraire la recherche permanente d’économies et de rentabilité aux dépens de la santé qui est responsable de ce chaos grandissant.

Une lettre ouverte a été signée par la quasi-totalité de l’équipe du service des Urgences/SMUR de Quimper et Concarneau, dénonçant cette situation, et des reportages ont mis cette affaire sur la place publique. À Brest et à Morlaix, les Urgences sont aussi mobilisées pour les mêmes raisons. En cas de grève, la direction réquisitionne systématiquement le personnel. Mais elle ne peut empêcher la colère de s’exprimer. Par sa lutte, le personnel des hôpitaux défend non seulement ses conditions de travail mais le droit aux soins et à la dignité pour tous.

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