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Grenoble Métropole : roulés par Alstom
À grand son de clairon, la Métropole grenobloise s’était dotée pour vingt ans de sept bus électriques... et d’une image de collectivité soucieuse de l’environnement et de la défense du « savoir-faire français ».
Mis en service en 2020, ils devaient officiellement contribuer à décarboner le réseau de transports. Mais ces bus à 430 000 euros pièce, sans compter la location des batteries à 180 000 euros, ont subi de nombreuses avaries techniques et n’ont jamais vraiment bien fonctionné. Leurs portes avaient du mal à fermer, les caissons protégeant les batteries n’étaient que passablement étanches et les plateaux pour les personnes à mobilité réduite étaient défaillants. Quant à leur conduite, elle était considérée comme particulièrement difficile et accidentogène par les chauffeurs eux-mêmes. Après La Rochelle, Strasbourg et Paris, c’est donc à Grenoble que ces véhicules ont ainsi « innové » en étant à l’arrêt la moitié du temps.
Én septembre, les véhicules neufs électriques ont été immobilisés au garage et remplacés par des bus traditionnels, dont certains vieux diesel très polluants. Alstom, dont la filiale Aptis a d’ailleurs cessé toute activité depuis 2022, n’envisageait absolument pas d’assurer le suivi des ventes et la maintenance. Si le contrat entre Alstom et le Smmag (Syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise) avait été respecté, l’industriel, incapable d’assurer le fonctionnement de ses bus, aurait dû payer des pénalités s’élevant à 1,1 million d’euros. En réalité, un accord vient d’être trouvé qui permettra à Alstom de ne pas s’acquitter de la totalité de cette somme tout en reprenant son matériel défaillant. Le Smmag s’oriente pour sa part vers l’achat à un prix réduit de sept nouveaux bus électriques produits par Iveco. Derrière cet arrangement entre élus et industriels, il y a la perspective autrement plus alléchante pour Alstom du renouvellement à court terme des rames de tramways de l’agglomération grenobloise, un marché évalué autour de 180 millions d’euros.
Aux automobilistes les restrictions de la ZFE (zone faibles émissions), les contrôles et PV pour pollution, et à Alstom le développement durable... de ses profits avec l’argent public.