Rentrée scolaire : la dégradation continue13/09/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/09/2876.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Rentrée scolaire : la dégradation continue

« Il y aura un enseignant devant chaque élève », fanfaronnait le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal fin août. Une enquête faite auprès des enseignants par le SNES-FSU, principal syndicat dans les collèges et lycées, remet les pendules à l’heure. Huit jours après la rentrée, il manquait au moins un professeur dans 48 % des établissements.

Le jour de la rentrée, comme chaque année, les choses étaient encore pires. Il manquait parfois trois, quatre ou cinq enseignants. Les trous ont parfois été comblés au fil de la semaine par l’arrivée de contractuels, mais en partie seulement, et pas dans toutes les disciplines. Dans certaines matières, comme les mathématiques, les candidats ne se bousculent pas pour un emploi précaire et mal rémunéré. La situation est à l’avenant pour le personnel non enseignant. Les infirmières, les assistantes sociales, les AESH pour s’occuper des enfants en situation de handicap ne sont pas là non plus.

Dans le primaire, la situation n’est pas meilleure. Des classes restent sans enseignant, et là aussi les AESH ne sont pas au rendez-vous. Dans certaines écoles, les parents se sont mobilisés en découvrant à la rentrée qu’une classe allait fermer. Prenant prétexte de la baisse démographique, qui devrait se poursuivre pendant au moins quatre ans, le gouvernement a choisi de fermer un maximum de classes plutôt que d’améliorer l’encadrement des élèves.

Après des années de dégradation des conditions de travail et de quasi-blocage des salaires, le ministère se heurte aujourd’hui à une pénurie d’enseignants. 3 000 postes n’ont pas été pourvus aux derniers concours de recrutement, faute de candidats. Prétendant remédier à cet état de fait, le ministre entame le 13 septembre des négociations avec les syndicats pour « un plan global sur la reconnaissance du métier d’enseignant ». Ses propositions sont déjà connues : il s’agit de demander aux enseignants de travailler plus pour gagner un tout petit peu plus, par exemple en remplaçant au pied levé des collègues absents ou, pour les enseignants du primaire, de venir dans les collèges essayer de remédier aux lacunes des élèves en difficulté. Cela revient à dégrader encore un peu plus leurs conditions de travail et la qualité de l’enseignement donné aux élèves, et il n’est pas étonnant que ce genre de proposition ne rencontre pas un grand succès auprès des enseignants.

Rentrée après rentrée, le gouvernement fait le choix de laisser se dégrader l’Éducation nationale, comme il laisse se dégrader les hôpitaux et tous les services publics utiles à la population. Il réserve son argent au grand patronat et au budget militaire. Alors, cette année encore, parents, enseignants et élèves devront se battre pour ne pas faire les frais de cette politique.

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